Catégorie : In memoriam

Pour demain

Voici le beau texte de littérature que je vais lire aux élèves du dispositif demain, après la minute de silence. Je ne suis pas sûr qu’ils vont le comprendre, mais peut-être vont-ils être un peu sensible à la musique des mots. Dominique Bernard appréciait l’écriture de Julien Gracq, il m’a donc semblé que c’était approprié d’en lire un passage en sa mémoire. 

N’aurions-nous pas pu attendre un peu ?

Les cours sont donc annulés durant les deux premières heures de la matinée du lundi 16 octobre dans tous les collèges et les lycées (mais pas pour les écoles !). Un accueil minimal sera cependant assuré pour les élèves ne pouvant pas faire autrement qu’arriver durant ces deux heures.  Je vais sans doute participer à cet accueil, car je ne vois pas à quoi vont servir ces deux heures de discussion en salle des profs. Il me semble que le mieux à faire, justement, c’est de faire cours. Au moment de l’hommage à Dominique Bernard, notre collègue assassiné, je préfèrerais également lire aux élèves un texte de Gracq, qu’il semblait apprécier, plutôt que de me taire une minute. 

Gilles Perrault (1931 – 2023)

AFP PHOTO MYCHELE DANIAU (Photo by MYCHELE DANIAU / AFP)

Auteur d’une cinquantaine de livre, traduits dans le monde entier ou portés à l’écran, il est le fils de Germaine Merlot-Peyroles, avocate, dreyfusiste, engagée dans la Résistance avec son mari dès juin 1940 et une des premières femmes élues de la République.
Elève au collège Stanislas, à Paris, puis étudiant à Sciences Po, il commença une carrière d’avocat qu’il abandonna rapidement pour vivre de sa plume, après s’être engagé en Algérie, en 1955, dans le huitième régiment des parachutistes coloniaux, ce qu’il raconta dans Les Parachutistes (Seuil, 1961). Il en sorti anticolonialiste.
C’est avec la publication de L’Orchestre rouge (Fayard, 1967), récit sur un réseaux antinazis influencé par l’URSS, qu’il acquit la notoriété. Il devint un habitué des plateaux de télévision, et surtout de l’émission « Apostrophes », de Bernard Pivot.
En 1978, il se livra une enquête rigoureuse sur Christian Ranucci, condamné à mort et exécuté, le 28 juillet 1976, pour avoir enlevé et tué une fillette de 8 ans. Dans Le Pull-Over rouge (Ramsay), Gilles Perrault dénonça les dysfonctionnements de la police et de la justice, soulignant que le doute aurait dû profiter à l’accusé. Ce livre contribua à la bataille abolitionniste menée par Robert Badinter.
Gilles Perrault, bien que refusant de se dire historien, était un grand lecteur des Encyclopédistes et fin connaisseur du XVIIIe siècle. Il publia une fresque en trois volumes consacrée à la création et à la mise en place, par Louis XV, d’un réseau de renseignement. Dans les trois tomes du Secret du roi (Fayard, 1992-1996), on croise Beaumarchais, Dumouriez, Choiseul, le chevalier d’Eon dans un récit très bien mené et d’une belle écriture. J’en recommande la lecture.

D’après un article du Monde.fr

Daniel Roche (1935 – 2023)

Daniel Roche obtint un CAP de fraiseur-tourneur avant d’étudier à la Sorbonne et d’entrer à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud en 1956. Professeur de lycée à Châlons-sur-Marne, il fut ensuite maître-assistant à l’ENS puis à la Sorbonne, chargé de recherche au CNRS et maître de conférences à l’université Paris 7. Il enseigna ensuite successivement à l’université Paris 1, à l’Institut Universitaire Européen de Florence, et comme directeur d’études à l’EHESS (1989-1998). Enfin, il fut titulaire de la chaire « Histoire de la France des Lumières » au Collège de France, de 1999 à 2004.

Son nom est pour moi indissociable de Pierre Goubert et synonyme de belles lectures : 

Une émission hommage du Cours de l’histoire.