Catégorie : Il était une fois un soldat de la première guerre mondiale

Un beau travail de recherche mené par des écoliers

Le site de l’académie de Grenoble fait le compte-rendu ici d’un travail de mémoire sur la Première Guerre mondiale effectué par différentes écoles dans le cadre du centenaire de la guerre. Le travail final des élèves est à visualiser là.

Des lettres adressées à un soldat anglais de la Première Guerre mondiale retrouvées sous un plancher

C’est en faisant des travaux dans son appartement qu’un professeur d’anglais des Hauts – de – France, a retrouvé, cachées sous un plancher, des lettres datant de la Première Guerre mondiale. Ces lettres ont été adressées à William Swift, un jeune soldat anglais, par ses parents. Il est mort au combat en 1917, sans doute durant la Bataille d’Arras, à 19 ans (il s’était engagé à 15 ans en mentant sur son âge). Sa tombe se trouve au cimetière militaire britannique de Tilloy.

D’après un article de France Info.

Encore des objets pour ma collection

Il s’agit d’abord d’un lot de documents comprenant un rapport d’intoxication par gaz concernant le sergent Cousin Gasont Prost, du 123° Régiment d’infanterie. Il y a également pour ce même soldat un certificat de bonne conduite du 72° RI et une page d’exercices effectués lors de son service militaire au 72 ° RI (dictée, problème mathématique et rédaction). Faisant suite à l’intoxication au gaz, on trouve aussi un certificat d’inscription à une pension militaire d’invalidité, un avis de réception de titre de pension et deux documents de pension militaire. Enfin, il y a aussi un document de 1930 décernant la médaille militaire à ce soldat.

J’ai également acquis un portrait en photographie du soldat Alexandre Marcel Augendre, tué le 12 août 1918 lors du combat du bois de Bus, dans la Somme.

Une fin de période sous le signe de la Première Guerre mondiale

Cette semaine, quatre classes de troisième bénéficient de l’animation « Musique au fusil » que j’ai déjà présenté ici . Cela tombe pile au moment où nous traitons le thème « Civils et militaires dans la première Guerre mondiale » en classe et les élèves apprécient beaucoup.
Lundi prochain, j’installe l’exposition 14 – 18 créée à partir des objets de ma collection et de reproduction en salle polyvalente afin que les classes de troisièmes puissent la visiter avec ou sans moi. Dans le même temps, j’accueillerai ̶d̶e̶u̶x̶ quatre classes de CM2 des écoles voisines pour leur montrer les objets et leur en parler un peu.

Trois nouveaux objets de la Première Guerre mondiale

Je viens d’acquérir deux trois objets de plus pour ma collection sur la Première Guerre mondiale :

 

– un exemplaire d’un journal de tranchée Le poilu du 37, qui a paru à un rythme mensuel entre 1916 et 1919, pendant 37 numéros (!). Il a été imprimé à Bar – le – Duc puis a Troyes, où se trouvait le dépôt du régiment. On peut en trouver quelques numéros sur le site de Gallica.
Dans les tranchées, les soldats vivaient de longues périodes d’attente. Leur besoin de communication et d’expression se traduisit alors par la production de journaux ronéotypés ou manuscrits, à la diffusion et à la périodicité souvent aléatoire. Ces journaux étaient un exutoire et ne comportaient pas ou peu d’information du front, mais des textes souvent empreints d’humour, grivois ou amer, des dessins, des poèmes, des pièces de théâtre. Ce numéro tiendra compagnie à celui du Canard Dieppois déjà dans ma collection.

 

– un porte-plume et porte-crayon fabriqué par un soldat, bon exemple d’artisanat de tranchée. J’en possédais déjà un, mais sans la plume et le crayon. Celui-ci est complet et illustrera mon propos aux élèves sur l’importance des lettres pour les soldats durant la guerre.

 


– une douille d’obus de 75mm transformée en bouillotte. la gravure « 75DEC MA.I – 767L – 18 – H » signifie :
75 DEC : canon de 75 de campagne
MAI : le fabricant – société de fabrication de matériel d’artillerie – usine d’Issy lès Moulineaux.
767L – 18 : 767ème lot d’obus de 1918

 

Sur les trace d’un soldats de la Première guerre mondiale

Dans le cadre d’un travail interdisciplinaire en français et histoire, nous avons fait travailler les élèves sur des cartes lettres d’un soldat que j’ai en ma possession

Durant une première séance, les élèves ont dû lire et retranscrire chacun une carte écrite par un soldat dénommé Léopold Dard. Cette transition les a appris que le soldat était marié , qu’il avait des enfants et que son niveau d’instruction était très faible étant donné l’orthographe et la grammaire des cartes. En français, les élèves ont travaillé à restaurer l’orthographe et la ponctuation correcte.

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Dans un second temps, les élèves ont utilisé le site Mémoire des hommes afin de trouver des traces de ce soldat. La fiche de renseignement découvert leur ont appris qu’il était « mort pour la France »

Les élèves ont aussi pu découvrir le grade de ce soldat (deuxième classe), correspondant à son niveau d’instruction. Ils ont lu qu’il appartenant au 236e régiment d’infanterie au moment de sa mort mais on échoué à lire la suite de la ligne, ce qui m’a permis de leur montrer la difficulté du travail d’historien, confronté d’abord au problème du déchiffrement des documents. J’ai expliqué à quoi correspondait la classe 1906, c’est – à -dire l’année où Léopold Dard avait fait son service militaire, au moment de sa majorité. C’est alors qu’un élève m’a fait remarqué que la date de naissance indiquée sur le document signifiait que Léopold avait son service à 10 ans. Cela m’a permis d’expliquer que des erreurs pouvaient être faite sur des documents officielles, avec des conséquences parfois gênantes. Nous en avons déduit que Léopold devait plutôt être né en 1886 à Mortiers, en Charente – Inférieure (devenue Charente – Maritime en 1941). Enfin, le document nous révèle  le lieu et la nature de sa mort : tué à l’ennemi à Chevincourt dans l’Oise.

Par la suite, j’ai montré aux élèves le site des archives départementales de Charente – Maritime et les registres matricules qui y sont conservés.

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La lecture de son registre matricule nous a confirmé sa date de naissance : le 3 août 1886, à Mortiers, en Charente – Inférieure. Nous avons appris qu’il était agriculteur et qu’il habitait Montendre, en en Charente – Inférieure, au moment de sa mobilisation. Il a fait son service du 9 octobre 1907 au 21 septembre 1909 dans le 34e régiment d’infanterie à Mont de Marsan. Il en sortit avec un certificat de bonne conduite témoignant de sa participation à la défense et de la valeur des services rendus.
Le registre nous renseigne aussi un peu sur son apparence physique : il mesurait 1m62, avait les yeux bleus et les cheveux bruns. Son visage était ovale, avec un menton rond et un nez aquilin.
Dernière information importante : après son service, il est affecté en disponibilité de l’armée active  dans la 18e sections d’infirmiers militaires entre le 30 janviers et le 21 février 1912. Ce détail m’a semblé étonnant puisque l’organisation des 25 sections d’infirmiers militaires, mise en place depuis 1862, avait pour but de fournir au service de santé militaire qui les employait des infirmiers aptes à être employés aux écritures, ceux capables de remplir les fonctions d’infirmiers de visite et des infirmiers d’exploitation chargés des détails intérieurs des établissements auxquels ils étaient attachés. Ces infirmiers étaient normalement recrutés parmi les soldats sachant lire et écrire et n’ayant subi aucune condamnation. L’instruction technique des infirmiers était à la fois théorique et pratique avec la tenue des cahiers de visite et l’établissement des bons et des relevés des prescriptions ; l’hygiène hospitalière, l’asepsie et l’antisepsie ; la petite chirurgie, l’hydrothérapie et les bandages. Les difficultés d’écriture et de lecture de Léopold semble peu compatible avec cette fonction.
Le registre nous aussi révélé qu’en août 1914, il a été appelé le 1er et a été incorporé dans son régiment le 3. Le premier février 1917, il fut transféré au 36e régiment d’infanterie, appelé 236e à la mobilisation.

Plus tard, retour au site mémoire des hommes pour consulter le journal des marches et opérations du 236e régiment d’infanterie ainsi que l’historique du régiment afin d’en apprendre plus sur les circonstance de la mort de Léopold, mort lors de la bataille du Matz.

Début 1918, après avoir conclu la paix avec les révolutionnaires russes, les Allemands transportèrent leurs troupes du front Est face aux troupes alliés en France. Conscients que le temps jouait contre eux avec l’arrivée imminente des soldats américains, ils déclenchèrent une série d’offensives pour briser le front et atteindre Paris. La principale offensive eut lieu dans le secteur anglais près d’Amiens, où le front fut percé avant d’être difficilement colmaté par les Alliés.C’est ensuite dans le Nord puis en Champagne que l’effort allemand se reporta, encore avec succès. Entre les avancées en Picardie et en Champagne subsistait alors un saillant tenu par les alliées autour de Compiègne et sa région. Le Haut commandement allemand décida alors de l’investir et le général Von Hutier fut chargé de mener l’assaut dans le secteur du Matz à partir de Lassigny.

L’attaque a débuté le 9 juin et les premières lignes françaises sont tout de suite emportées. Le 10 juin, le général Mangin a été chargé de constituer une force capable de contre-attaquer. Il rassembla plusieurs divisions à la droite de l’avance allemande et le lendemain, 11 juin 1918, la contre-offensive française appuyée par des chars lourds Saint Chamont s’élança et repoussa l’aile droite ennemie. La bataille du Matz était terminée.

Voici les pages consacrées à la bataille dans l’historique du régiment :

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On y apprend que le régiment, appartenant à la 53e division d’infanterie, occupait le secteur de Thiescourt et que Léopold a probablement été tué lors de la défense du village ou du repli au – delà de la rivière Matz.

La lecture du journal des marches et opérations donne des informations plus précises :

 

Léopold Dard a pu mourir dès 9h, lors de l’attaque allemande, au milieu du bois car les pertes furent très importantes. Vers 11h ensuite, de nombreux avions allemands bombardèrent les lignes françaises, obligeant la plupart des soldats (sauf les mitrailleurs) à se réfugier dans l’abri des carrières au nord de Chevincourt. A 13h, la situation dégénéra encore lorsque l’artillerie française, ajustant ses tirs trop courts, pilonna ses propres soldats. Le repli ordonné à 14h au delà de la rivière Matz commença à 14h30 sous le feu de l’artillerie ennemie, occasionnant encore des victimes.

Le 12 juin, le bilan de la bataille est le suivant : 29 tués, 138 blessés, 266 disparus et 50 prisonniers. Léopold Dard a dû faire partie des disparus puisque qu’il ne fut déclaré « tué à l’ennemi » que part un avis officiel du ministère de la guerre daté du 23 juillet 1918.

Etonnamment, dans les registres d’état-civils numérisés des archives de Charente – Maritime, j’ai trouvé mention de l’acte de décès de Léopold à la date du 11 juin 1919, son acte de décès ayant été transmis à Montendre le 7 février 1919 seulement si on en croit sa fiche.

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Après une dernière recherche interne, nous avons découvert que le nom de Léopold figure aujourd’hui sur le monument au morts de la commune de Montendre.

J’espère avec ce travail, couplé à l’étude d’objets d’époque, avoir rendu plus « réelle » cette guerre qui fascine les élèves, mais qui reste souvent lointaine.

Edmond Vougnon (1882 – 1915)

J’avais oublié de publié les document aimablement communiqué par les descendants du soldat Edmond Vougnon dont j’ai parlé ici.

– Tout d’abord une photographie le présentant en 1903 lors de son service militaire au 149e régiment d’infanterie.

– Puis une autre, prise sans doute au moment de son incorporation au 21e régiment d’infanterie, à Langres avant qu’il ne rejoigne le 174e régiment d’infanterie.

– Un document attestant la remise de La Croix de guerre suite à son décès le 25 mai 1915 à Notre – Dame de Lorette.

– Une lettre de sa fille Madeleine, écrite alors qu’il se trouvait encore au sein du 21e régiment d’infanterie.

– Une autre écrite par son frère Jules, un mois à peine avant sa mort.

Une musette de la Première guerre mondiale

Je viens d’acquérir une musette de soldat français de la Première guerre mondiale. Il s’agit du modèle 1892 : elle est confectionnée en toile de couleur beige mais de très nombreuses nuances existent, pouvant aller du beige très clair au brun rouille très foncé. La dernière modification sur ce modèle date de 1879, elle consista dans le prolongement de la sangle tout autour des coutures latérales de la musette. Cette amélioration permit de rendre la sangle plus solide et d’éviter qu’elle ne s’arrache à l’usure. La musette contenait les vivres du jour et tous les objets personnels dont le soldat avait besoin à portée de main (pipe, tabac, briquet, papier à lettre, etc…). Tout au long du conflit, les soldats se sont munis d’une ou deux musettes supplémentaires. Cette pratique non réglementaire leur permettait d’emporter encore plus de choses avec eux. Souvent remplie au maximum, la musette avait l’inconvénient de peser lourd sur le dos du soldat, de l’engoncer et d’entraver sa respiration.