Étiquette : Cinéma
À l’occasion des 130 ans de la naissance de Charlie Chaplin, le Musée d’arts de Nantes met à l’honneur le cinéaste dans une exposition intitulée « Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes » qui met en regard son travail et celui des artistes de son époque
à propos du contexte social et politique du début du 20e siècle. À travers plus de 200 peintures, photographies, dessins, sculptures, documents et extraits de film, l’exposition propose une redécouverte des œuvres de František Kupka, Marc Chagall, Fernand Léger, Man Ray, Meret Oppenheim, John Heartfield et d’autres en soulignant la porosité entre leurs réflexions, leurs productions artistiques et le cinéma de Chaplin. Organisée en quatre sections (l’homme-machine, la poétique du monde, le spectacle mis en abyme, l’absurdité de l’histoire), l’exposition se penche de façon inédite sur ces proximités artistiques, montrant la mise en parallèle des moyens d’expression, de la peinture au cinéma.
Du 18 octobre 2019 au 3 février 2020.
Ci-dessous, le dossier de presse :
Lorsque l’artiste chinois Ai Weiwei est venu vivre en Europe, il a eu envie de connaître la situation des réfugiés et s’est ainsi rendu sur l’île grecque de Lesbos pour découvrir la situation des migrants qui y parviennent.
« C’était une expérience très intime que de voir débarquer des bateaux enfants, femmes et personnes âgées. Je voyais dans leur regard un vrai désarroi. Ils étaient terrorisés et ne savaient pas du tout à quoi s’attendre dans ce pays. C’est ce qui, plus encore, m’a poussé à en savoir davantage sur qui sont ces gens et pourquoi ils risquent leur vie en venant dans un pays dont ils ne connaissent pas les codes et où personne ne les comprend. J’avais énormément d’interrogations. C’est cette curiosité qui m’a incité à mettre en place une importante équipe de chercheurs pour étudier l’histoire des réfugiés et leur situation actuelle. En dehors de la guerre en Syrie, l’existence des migrants est née des guerres en Irak et en Afghanistan, du conflit israélo-palestinien, des différents conflits africains, de la persécution des groupes minoritaires au Myanmar et de la violence en Amérique centrale.«
Ce matin, j’ai pu assister à une projection de ce documentaire beau et long, ce qui m’a parfois dérangé. Beau, car les images d’Ai Weiwei témoignent de sa vision d’artiste. Il parvient à rendre l’horreur photogénique, comme avec le cadavre d’un homme abandonné lors des combats autour de la ville de Mossoul en Irak. Long, car nous suivons les réfugiés dans le monde entier, en Europe, bien sûr, mais aussi au Moyen – Orient, en Afrique, en Asie et en Amérique, et cela durant 2h20.
J’ai eu l’occasion de visionner de nombreux documentaires sur la situation des réfugiés pour préparer les cours de quatrième et je ne vois pas ce que ce film apporte de plus, honnêtement. Dans sa quête poétique, Ai Weiwei abuse pour moi de l’usage des drones : les images sont belles, mais le message perd en force.
Il y a toutefois plusieurs passages qui agissent comme de véritables coups de poing : le cimetière avec les tombes anonymes en Turquie et les sanglots de cet homme qui a perdu en mer cinq membres de sa famille ; le Kurde posant devant sa maison ruinée par une guerre qu’il ne comprend pas, qu’il ne voulait pas. Ou encore la ville de Mossoul libérée de l’État islamique, ce qui entraîne l’exode de 300 000 réfugiés de plus.
C’est bien sûr un film à voir, surtout si l’on ne connaît pas grand-chose aux mouvements migratoires actuels. Mais pour être un documentaire vraiment efficace, il aurait fallu le condenser et oublier plus souvent l’esthétisme. De même, trop de passage montrent l’artiste lui-même, même s’il se mêle aux réfugiés.
En l’état, il ne me semble pas exploitable avec des élèves, de collège du moins, ce qui est dommage. Toutefois, un dossier pédagogique est disponible ici.
Ci-dessous, une émission de France Inter dans laquelle Ai Weiwei parle du film et de l’art :
Le film Pentagon Papers de Steven Spielberg s’inspire de l’histoire des documents secrets révélés au début des années 70 grâce à un analyste de l’armée américaine, Daniel Ellsberg, et diffusés par le New York Times, puis après que le président Nixon ait fait bloquer la parution par un juge, par le Washington Post.
Ces révélations, portant sur les mensonges sous les présidences Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson et Nixon, ont rendu encore plus impopulaire la guerre au Viêt Nam, et préparé le terrain à la démission du président des États-Unis après l’affaire du Watergate.
Cependant, le film a été tourné dans l’urgence à la suite de l’élection de Donald Trump et devant sa capacité à mentir et manipuler l’information. Ce n’est donc pas totalement un film historique, mais aussi une réflexion sur les Etats – Unis des années 2010.
David Honnorat, co-fondateur de Vodkaster, un réseau social dédié au cinéma et aux séries) propose une carte de Movieland, pays où plus de 1800 films sont figurés par des villes d’importances variables, interconnectées par un réseau routier, et localisées au sein d’espaces géographiques variés (forêts, vallées, déserts, collines, lacs, mers, îles, péninsules…) aux noms évocateurs.
(l’arrivée d’un convoi de déporté dans le camps)
Pour raconter la vie quotidienne d’un Sonderkommando d’Auschwitz, László Nemes a choisi la fiction en racontant le parcours d’un homme décidé coûte que coûte à enterrer son fils dans Le fils de Saul.
« Je voulais trouver un angle précis, réduit, et déterminer une histoire aussi simple et archaïque que possible. J’ai choisi un regard, celui d’un seul membre du Sonderkommando en me tenant rigoureusement à son point de vue : je montre ce qu’il voit, ni plus ni moins. »
le spectateur suit donc Saul Ausländer à la trace du début à la fin et on ne le lâche plus. On entend tout – les ordres, les cris, les bruits sourds des portes qui s’ouvrent et se ferment, on sent le chaos, mais l’horreur reste le plus souvent hors champ. Tout ce qui n’est pas focalisé sur lui reste flou, indéfini (Le fils de Saul a été filmé en pellicule 35 mm avec un objectif 40 mm qui permettait un format restreint, à hauteur du personnage).
Au début du film, Saul Ausländer croit reconnaître son fils parmi les victimes de la chambre à gaz. De là va naître son obsession : trouver un rabbin qui dira le kaddish et l’enterrer. Tout le film se concentre sur cet unique point de vue, cette obsession et cette seule action.
Ce film tente de montrer ce qu’était la vie dans les Sonderkommandos. Une vie très courte puisqu’au printemps 1944, les nazis ont exterminé 400 000 Hongrois en en trois ou quatre mois. Le réalisateur s’intéresse à ces commandos spéciaux chargés de forcer d’autres Juifs à se dévêtir, à laisser leurs vêtements puis à entrer dans les chambres à gaz.
Il y avait tellement de corps à brûler que les fours crématoires n’y suffisaient pas. Ils se bloquaient et ne pouvaient plus remplir leur fonction. Les nazis avaient alors décidé de s’en passer et de creuser, autour des fours, des fosses, dans la terre même. Les nouveaux convois qui arrivaient étaient directement conduits dans les fosses.
Pour réaliser son film, László Nemes s’est inspiré d’un livre écrit par les membres des Sonderkommandos hongrois d’Auschwitz alors qu’ils préparaient leur révolte car ils voulaient laisser une trace. La nuit, ils glissaient leurs manuscrits écrits en yiddish dans des bouteilles et les enterraient très profondément dans la glaise autour des crématoires. Ces manuscrits ont été édité par le Mémorial de la Shoah sous le titre Des voix sous la cendre : les Sonderkommandos hongrois y décrivent leurs tâches quotidiennes, l’organisation du travail, les règles de fonctionnement du camp et de l’extermination des Juifs.
La révolte d’Auschwitz a tragiquement échoué : tous les révoltés ou presque ont été tués ou se sont noyés en fuyant. Certaines des bouteilles contenant les manuscrits ont été retrouvés plusieurs années après la libération du camp, et d’autres encore beaucoup plus tard.
Le film sortira en salle en novembre 2015. Sera-t- il envisageable d’y emmener les troisièmes et de travailler ce film en histoire et en histoire des arts ?
Je suis invité à l’avant première du film The search de Michel Hazanavicius, le 22 octobre prochain.
L’action du film se déroule pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999. Elle retrace le parcours de quatre individus que la guerre va amener à se croiser. Après l’assassinat de ses parents dans son village, un petit garçon rejoint le flot des réfugiés. Il rencontre une chargée de mission pour l’Union Européenne et avec elle, il va revenir peu à peu à la vie « normale ». Parallèlement, on suit sa grande sœur qui le recherche parmi des civils en exode. Enfin on se trouve aussi aux côté d’un jeune Russe de 20 ans, enrôlé dans l’armée, qui va affronter le quotidien de la guerre moderne.
Le film sortira le 26 novembre prochain.
Du moins dans un film de science – fiction produit en 1935, en URSS !
Le Voyage Cosmique est un film de Vassili Zhuravlev. Il est d’une grande qualité technique et aurait pu marquer l’histoire de la science fiction au cinéma s’il n’avait pas été victime de la censure stalinienne qui regrettait que ce film n’exhorte pas suffisamment la force et la grandeur du peuple soviétique.
En 1932 le Komsomol (Jeunesses Communistes du Parti communiste d’Union soviétique) demanda aux créateurs de cinéma de mettre en chantier, pour les jeunes spectateurs, le plus possible de films sur les sujets les plus divers, y compris de science-fiction : il s’agissait de « créer le film de science-fiction sur la vie dans notre pays (l’URSS) dans 6 à 10 périodes quinquennales« .
Le réalisateur Zhuravlev s’était déjà orienté vers la réalisation de films destinés à la jeunesse et prit contact avec le scénariste Alexander Filimonov afin de lui demander d’écrire le sujet d’un film racontant le premier vol pour la Lune. En 1933, après une nouvelle conversation avec Sergueï Eisenstein et afin de répondre au souhait d’exactitude scientifique il entra en contact avec le scientifique Constantin Tsiolkovski, pour lui demander conseil sur la création d’un film scientifique et de devenir le consultant scientifique du futur projet.
La première projection du film eut lieu le 21 janvier 1936. Les premières critiques notèrent l’aspect technique omniprésent qui faisait la réussite du film mais insistait aussi sur la faiblesse du scénario et sur les caractères des personnages ou leurs relations qui n’étaient pas toujours claires. Et surtout, il apparut que les messages exprimés par le film n’étaient pas à la hauteur attendue par le gouvernement soviétique (l’académicien Sedykh fait lancer la fusée malgré l’interdiction du Directeur, le Professeur Karine, ce qui est inconcevable dans l’organisation soviétique.)
Le début du film montre la ville « futuriste » de Moscou en 1946 avec deux bâtiments détaillés :
Le premier bâtiment de la capitale moscovite, bien visible au deuxième plan de l’image au début du film, est le Palais des Soviets. Ce bâtiment voulu par Staline en hommage à Lénine, fit l’objet d’un concours international au tout début des années 1930. Y avaient notamment participé les architectes Le Corbusier et Walter Gropius. C’est finalement un projet russe de Gelfreickh, Iofan et Shchuko qui fut retenu en 1934. Le bâtiment devait mesurer 315 mètres de hauteur et être surmonté d’une gigantesque statue de Lénine de près de 100 mètres !
La Cathédrale de Christ-Sauveur de Moscou fut rasée le 5 décembre 1931 pour dégager le site. Mais le palais ne put jamais être construit à cause de la proximité du fleuve et des infiltrations d’eau dans le sous-sol. Finalement le projet a été annulé par Nikita Khrouchtchev en 1953 et l’excavation a été transformé en 1958 en Piscine Moskva, la plus grande piscine en plein air du monde. Après la chute du communisme la religion a été réautorisée en Russie. En 1990 Boris Eltsine a donné l’autorisation de construire une nouvelle cathédrale d’après le plan original au même endroit. La cathédrale complète a été inaugurée le 19 août 2000.
Le deuxième élément majeur de la ville est le Bâtiment fictif de l’Institut des Voyages Interplanétaires, un ensemble architectural massif comprenant le centre de recherche, le hangar de construction des fusées et la base de lancement de laquelle s’élance la rampe.
L’Institut est surmonté d’une grande tour décorée d’une statue représentant le deuxième étage de la fusée, dans une représentation faisant écho au Palais des Soviets. C’est un bâtiment d’architecture monumentale, une structure béton qui n’est pas sans rappeler ce que produisirent les architectes soviétiques et allemands, dans les années précédant la deuxième guerre mondiale. Du bâtiment s’échappe la rampe de lancement qui s’élève au-dessus de la ville de Moscou : par effet de perspective mais aussi certainement par volonté de grandiose, l’arche domine largement le Palais des Soviets ! On peut imaginer que cette image a pu participer à la censure du film.
Voici maintenant la scène où les Soviétiques sont les premiers à fouler le sol lunaire !
Pour voir ce film en entier, suivez ce lien vers Youtube.
J’ai écrit cet article en utilisant un extraordinaire site d’un fan du film.
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