Nous fûmes hier à Paris pour que ma femme enregistre un épisode de l’émission Complètement à l’ouest, sur Radio Immo, une webradio d’information immobilière (si, si). L’émission sera disponible à partir du 8 mai prochain. Partis de bon matin, nous mîmes un certain temps à gagner la capitale grâce aux bons soins de la SNCF, notre train roulant au pas une bonne partie du trajet. Dans la matinée, nous visitâmes l’exposition Arts et préhistoire, au Musée de l’Homme. Cela fut intéressant, bien qu’il y ait, à mon goût, peu d’objets exposés et que la faible lumière empêche parfois de voir les détails des gravures. Toutefois, les documents multimédias sont bien faits et instructifs. En même temps que cette exposition, on peut en voir une autre sur Picasso et la préhistoire, dont j’ai surtout admiré les feuillets de relevés de l’abbé Breuil.
L’après-midi, après l’enregistrement, nous avons visité l’exposition Eternel Mucha, au Grand Palais immersif. L’expérience multimédia et interactive m’a séduit, j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais sur cet artiste et j’ai mis son nom sur les peintures de L’épopée slave, que je connaissais sans savoir qu’elles étaient de lui.
Après la visite, vint le moment de rentrer en Normandie. Enfin, d’essayer… Notre train ayant eu du mal à entrer en gare de Saint – Lazare pour venir à quai, ce qui occasionna une bonne heure de retard !
De ce périple, nous avons ramené trois beaux livres pour agrémenter notre bibliothèque.
C’est un film d’action et de cambriolage dans lequel un psychothérapeute recrute une équipe afin de voler 13 des oeuvres d’art les plus célèbres au monde, pour mettre fin aux terribles cauchemars qui le hantent. Il s’agit d’un film réalisé par le peintre Milorad Krstic, dont les oeuvres parsèment la narration. C’est visuellement magnifique, avec un scénario qui se laisse suivre, même si je n’ai pas compris la fin.
Ce matin, j’ai fait travailler les élèves du dispositif sur les photomontages de l’artiste Uğur Gallenkuş (dont j’ai parlé ici). Nous avons d’abord débattu de ce qu’était une oeuvre d’art. Les élèves ont tout de suite pensé à la peinture et à la sculpture. A ma demande, ils ont défini une oeuvre d’art par quelque chose que l’on voit. J’ai alors parlé de la musique et ils ont été d’accord que l’on peut ne pas voir une oeuvre. Ils ont ensuite proposé qu’une oeuvre devait être bien faite ou belle, après avoir comparé la Joconde à l’un de mes dessins. Ils ont aussi proposé réaliste, mais y ont renoncé après la projection d’un portrait de Picasso. Comme il ne le doisait pas, j’ai fini par apporté l’idée de message : une oeuvre doit / peut dire quelque chose.
Une fois cela fait, nous avons regardé tous ensemble une oeuvre d ‘Uğur Gallenkuş :
Les élèves n’ont pas vu tout de suite l’assemblage des deux photographies. Ils ont par contre perçu la joie des personnes. Après identification des incohérences de l’image, ils ont décidé que sur la gauche, les hommes étaient heureux d’avoir gagné la guerre alors qu’à droite, les femmes étaient contentes d’être en vacances.
Suite à ce travail collectif, chaque élève a reçu un photomontage différent et le questionnaire ci-dessous à compléter :
La suite de l’activité consistera d’abord en un oral pour que chaque élève présente l’oeuvre qu’il a étudié aux autres. Dans un troisième temps, j’aimerais faire faire un photomontage aux élèves, mais c’est sans doute trop ambitieux.
« Cette maison, elle sera studieuse quoiqu’elle affiche une tête de vacances. Je tenterai de résister, avant même de le concevoir, à tout ce qui pourrait lui donner le risque de la carte postale. Il faut que ce lieu-là soit inclassable. Le luxe, c’est ce que les amis puiseront, de joie, dans leurs lectures, leurs écrits, leurs chants. Ça sera donc simple, un peu sous-meublé. On ne va pas se mettre à décorer un tel endroit. Qu’adopterait-on pour un tel lieu, sinon la réserve médusée qui s’impose pour mener cette tâche qui évoque, aussi, que la maison a toujours été là un peu ratée, pas fignolée, peut-être mal aimée. On ne sait pas grand-chose : une dame anglaise l’aurait fait construire dans les années20. Je suis fière d’avoir cette mission étrange de dégager, d’apaiser ce plan original qui faisait désordre. Comme dans toutes recherches, d’abord il y a les lettres mais pas encore les mots. Un alphabet va les former, puis en sortira un vocabulaire. Nous abordons cet espace, sa lumière, ses matériaux et ses couleurs comme une écriture. Confronter l’usé et le neuf, le doux et le rugueux, le pauvre et le riche, ces contrastes sont vivants. Adolphe Loos, l’architecte viennois a dit magnifiquement que pour Dieu et pour les artistes les matériaux sont égaux et portent la même valeur. Cette maquette évoque d’abord les jeux de la géométrie et de la luminosité. Ce plafond en pavés de verre laisse passer massivement la clarté du jour dans la salle de bains. Ces changements ont créé de nombreuses interventions qui sont parfois presque invisibles, presque en apesanteur. Le travail doit-être omniprésent mais frôler la disparition. Mes lieux sont simples, sereins mais pas froids, raffinés mais pas opulents, doux mais pas nostalgiques, épurés mais non restrictifs. Au fond, j’ai toujours cherché à réconcilier les matériaux pauvres et riches. C’est une idée anti-ghetto et anticonformiste sur l’aménagement de l’espace, sur la lumière et sur l’élégance dans le détail; parfois l’humour s’y glisse. Quelles couleurs? Mais aucune, justement, qui porte un nom de couleur. Chacune d’elle est singulière et comporte des tons contradictoires. Difficile à nommer, ou alors par un nom d’épice ou de fruit, poivre blanc ou encore ardoise et pierre, laque de Chine. Le plaisir fou consiste à rechercher des structures calmes et fortes comme pour l’escalier. On ne voit que lui dès l’entrée. Cette dégringolade démesurée descend vers la mer. On a eu du mal à le redessiner. Je suis obsédée, imprégnée par l’architecture hautement spiritualiste. J’ai toujours recueilli, consciemment, la moisson d’émotions, d’obsessions, nées des formes géométriques. J’en ai décelé le plaisir à voir le soleil jouer avec les ombres qui adoucissaient toutes les lignes droites. Chaque changement logique de cette «maison d’avant», celle que nous avons modifiée, assainie, rendue à cet état de grâce, préparait le terrain en donnant des solutions techniques. L’escalier, entre autres, comme une bande plissée, ouvre une circulation verticale, une épine dorsale qui commence tôt, comme une passerelle oblique pour vous aider à descendre vers la mer. Mais si elle naît dans la maison, elle continue dehors. La pente vers la mer est très forte. Aucune trace dans ce coin de maison luxueuse et sophistiquée. On ne peut y accéder en voiture. C’est le bout du monde. L’Afrique regarde l’Europe, changement profond, nouvelle lumière, première loge pour la méditerranée. Les couleurs ont glissé. Elles sont perçues différemment. Les goûts aussi. Les odeurs et les saveurs «s’apprécient» autrement. C’est dans ce cadre qu’un beau jour a surgi comme dans un rêve l’idée d’une chambre sténopé. Les deux fenêtres de cette chambre, perpendiculaires l’une à l’autre, permettent une double projection. Par celle qui donne sur le vide du hall, c’est le lit à baldaquin qui devient l’écran de ce double jeu de lumière. C’est là que l’on aura la vue renversée des images observées : le spectacle opère avec toute sa poésie. Par la deuxième fenêtre et de jour, on préférera la vue sur la mer qui se propage au plafond puisque c’est le voilage du lit qui joue les écrans de projection. Les vagues déferlent au plafond et les nuages défilent à la surface du lit. Le soir c’est le feu de la cheminée du salon à son extrémité qui sera visible. Ici c’est la perception architecturale que l’on observe. Jour et nuit, les deux vues peuvent êtres regardées simultanément ou séparément. On aura le choix d’ouvrir ou de fermer tel pan de voilage selon les différentes vues de la chambre. Si le pan est ouvert, on verra la projection sur le mur à l’Est mais on peut aussi l’obtenir sur l’écran de télévision qui sera recouvert d’un tissu blanc. Ce qui est magnifique, c’est d’être accompagné par des visions qui mettent en doute notre certitude d’observer le réel. Et dire que cette mise en scène repose sur un fait dérisoire, qui consiste à abaisser un rideau. Un «écran d’étoffe» devient alors miraculeux dans ses effets grâce à un petit trou dans le tissu. Lorsque l’on provoque l’obscurité, on ne voit rien jusqu’à ce que l’acclimatation s’opère. On est préparé à aborder le réel autrement. Les images apparaissent. D’abord, les plus lumineuses, puis enfin, les plus ténues. Ce qui semblait être une série de tâches de lumière devient une image du réel subrepticement manipulé. Quand on a prévu des chambres, des salles de bain, des galeries de déambulation qui offrent de vastes espaces ou encore la descente vers la mer, on aborde l’une des facettes de notre travail, parfois négligée : choisir les matériaux. C’est un moment gastronomique. On a faim de lin. On savoure le piqué de coton. On est fou d’ardoise pour le parquet de la chambre. On médite sur l’opportunité qui se présente d’utiliser massivement le teck pour le caillebotis. On va puiser dans le raphia, la rabane. Des accents délicats pour les coussins. Des stores élaborés, qui dans des effets un peu calculés, il faut le dire, sont en fait modestes, justes, très paisibles. C’est cet engouement, cette ferveur de la curiosité qui me porte, une quête d’extase ou plus simplement de bonheur que l’on trouve dans les livres. La pensée ou la parole des autres. C’est une capacité de jubilation que j’ai connue très tôt, d’abord par la musique. J’ai toujours établi un rapport intense entre celle-ci et le monde visible. N’est-il pas question surtout d’harmonie? Parfois, un matériau se rencontre dans son usage habituel ou alors on va l’inviter à jouer un rôle qu’il a ignoré jusqu’alors. Tel petit carreau de mosaïque va constituer la bordure du dessin d’un tapis en carrelage. La moustiquaire va doubler la soie qui, presque transparente, va laisser passer la lueur qu’apporte la troisième couche du tulle de cuivre. Les trois matériaux constituent le panneau d’une cloison coulissante. Ou encore le verre armé, verre industriel méprisé, sous employé, que l’on fait cohabiter avec de petites poignées (une larme en argent du rayon quincaillerie), et qui n’a jamais côtoyé le verre bon marché. Voici de bons mariages. Les matériaux aussi ont leurs combinaisons, ils créent un vocabulaire spécifique qui nous place d’emblée dans un univers. Certains apportent la sécurité, le bon sens, d’autres représentent l’esprit, le risque, le coup de folie que l’on dénomme aussi liberté. C’est la réconciliation généralisée entre les matériaux : un symbole valable pour les humains. »
Arte va proposer en janvier un intéressant documentaire sur l’architecte d’intérieur Andrée Putman, à qui on doit, entre autres créations, l’aménagement du musée d’Art contemporain de Bordeaux, dans lequel on retrouve son style croisant formes géométriques, jeux de lumière et élégante sobriété qui rappellent l’abbaye de Fontenay, qui appartient à sa famille, et où elle passait tous ses étés enfant. A la fin du documentaire, on découvre l’un de ses derniers chantiers, une villa entièrement rénovée à Tanger, au profit de Bernard – Henry Lévy. La maison créée par André Putman pour ce ridicule personnage médiatique est magnifique ! Le travail de l’architecte a fait l’objet d’un livre que je vais me procurer sans doute.
Je m’intéresse à l’architecture « moderne » en ce qui concernent les maisons, adorant les réalisations de Frank Lloyd Wright dont j’ai parlé ici ou encore la villa Cavrois, que j’ai pu visiter. Les quatre documentaires proposés par Arte m’ont fait découvrir d’autres architectes modernistes comme Albert Frey, John Lautner ou Richard Neutra. Pour prolonger ces visites, je compte acquérir cet ouvrage :
A gauche, la toile intitulée « Le 14 juillet » et à droite, le nouveau tableau découvert au verso.
Une œuvre jusqu’ici inconnue du peintre français Fernand Léger, datant selon les experts de 1911-1912, a été découverte, peinte au dos du tableau « Le 14 juillet » réalisé un an plus tard. La toile a été retrouvée abîmée et recouverte d’une couche de ce qui ressemble à de la colle dure. L’oeuvre fait sans doute partie d’une série dans laquelle Fernand Léger a peint la vue de son atelier sur les toits de Paris vers Notre-Dame, en se focalisant sur la fumée des cheminées. Cette série comptait jusqu’ici sept tableaux.
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