Catégorie : Il était une fois l’école

L’ enseignement programmé de l’école moderne

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Après ma visite au Musée National de l’Education, j’ai cherché à en savoir plus sur l’enseignement programmé défendu par la pédagogie Freinet et à acquérir du matériel de l’époque. J’ai donc fait l’acquisition de quelques bandes en mathématiques dont ma femme parle plus en détail ici.

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Pour accompagner l’utilisation de ces bandes en classe, Freinet avait publié deux ouvrages qui sont reproduit sous forme numérique ici et .
Voici l’argumentaire développer en faveur de ces bandes :
« 1°. – Sans préjuger de la valeur pédagogique des bandes programmées, les machines à enseigner sont un incontestable progrès technique.
2°. – Les usagers sont unanimes à constater que l’emploi du matériel programmé n’offre aucun inconvénient et qu’il a de multiples avantages incontestables.
3°. – L’utilisation d’une machine a une très grande importance à notre époque de mécanique.
4°. – Un des grands attraits de la machine à enseigner c’est qu’elle donne à l’enfant une sorte d’autonomie qui le délivre du carcan scolaire.
5°. – L’accord est à peu près unanime pour reconnaitre que le rendement du travail est à peu près d’un tiers plus élevé qu’avec les méthodes traditionnelles.
6°. – Les résultats aux examens sont supérieurs à ceux obtenus par les anciennes méthodes.
7°. – L’éducateur n’a plus besoin de consacrer du temps en classe aux interrogations courantes et aux examens.
8°. – Les éducateurs qui, à la mode américaine, n’ont rien changé à la conception pédagogique et psychologique de la classe sont néanmoins satisfaits des leçons programmées qui leur permettent de mieux suivre leurs élèves et de ne plus perdre du temps en classe à s’occuper des enfants insuffisamment préparés.
9°. – L’examen des réponses fournies par les élèves aux questions posées dans les programmes permet aux professeurs de savoir à l’avance, en préparant leurs cours, sur quels points ils auront à donner des explications complémentaires.
10°. – Les professeurs ont constaté que la préparation préalable par les leçons programmées facilitait leur tâche. Les bandes enseignantes nous permettent de supprimer les leçons telles qu’elles se pratiquent ordinairement, suivies de devoirs et de leçons. Nous retrouvons l’ordre normal scientifique : sur des thèmes donnés et prévus au plan de travail les enfants font des recherches et des travaux pour lesquels nos bandes programmées seront désormais précieuses. La leçon magistrale ne vient qu’après, a posteriori, disons-nous. Nous perdons même l’habitude de l’appeler leçon : elle sera davantage synthèse des travaux des élèves, et réponses à leurs questions, et, de ce fait, totalement profitable.
11°. – On se rend compte avec les bandes que l’explication ne paie pas. Lorsqu’on commence à faire des bandes programmées, on a tendance à expliquer, à essayer de faire comprendre. On interroge les élèves, et en général fort maladroitement.On voit vite à l’usage que l’enfant ne comprend rien à notre verbiage. C’est par l’exercice, l’expérience et le travail que nous corrigeons les déficiences.
12°. – Réduire les heures de cours. Les usagers de l’enseignement programmé américain ont constaté que, par les bandes, les élèves avaient déjà assimilé les concepts et les principes fondamentaux et qu’ils pouvaient, de ce fait, réduire les heures de cours, ce qui permettra aux professeurs de mieux approfondir et élargir leur enseignement.
13° – Tous les utilisateurs ont constaté que les enfants s’intéressaient beaucoup plus au travail sur bandes. Le climat de la classe a été totalement transformé à l’Ecole Freinet. »

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(le livret représenté en photo ci-dessus est reproduit ici)

Je trouve que cet argumentaire des années 60 s’applique particulièrement bien à la pédagogie inversée qui se développe actuellement. D’autre part, il me semble que par leur utilisation, ces visionneuses de bande enseignante sont les ancêtres des tablettes qui fleurissent actuellement (ou devraient fleurir du moins) dans les salles de classe.

Il me reste plus qu’à dénicher une visionneuse pour aller avec les bandes. Si quelqu’un sait où en trouver, je suis preneur !

Ci-dessous, deux exemples de bandes enseignantes en histoire :

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Premier dimanche des vacances : visite du Musée Nationale de l’Education !

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Gravure représentant une école au XVIe siècle

 

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Affiche publicitaire d’un maître écrivain en 1551
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J’ai eu l’occasion cet après-midi de visiter le Musée National de l’Education où je n’étais pas retourné depuis longtemps. Il a fait l’objet d’une complète rénovation muséographique en 2001 qui le rend encore plus intéressant et attractif pour la collection permanente. La visite était guidée par le conservateur du musée, Laurent Tremel, que je remercie pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Mais en plus, deux expositions se tiennent en ce moment dans le musée.

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La première (du 6 décembre 2014 au 15 mars 2015), au rez-de-chaussée, est consacrée au matraquage patriotique et nationaliste subit par les enfants entre la défaite de 1870 et le début de la Première guerre mondiale. Livres pour enfants, jouets, images et cahiers témoignent du traumatisme de la défaite et de la perte de l’Alsace-Lorraine et d’une école et d’une société tournées vers la préparation de la revanche. Il s’agit du premier volet d’une trilogie d’exposition sur ce sujet.

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La seconde ( du 5 novembre 2014 au 10 janvier 2016) occupe deux étages et retrace 50 ans de pédagogie par les écrans, qu’il s’agisse de la télévision, du minitel (utilisé dans la pédagogie Freinet pour la correspondance entre école notamment) ou des ordinateurs.
Cette exposition a été pour moi l’occasion de découvrir l’enseignement programmé développé en France par Freinet notamment, dans lequel il était question d’apprendre à apprendre à l’élève de manière autonome. Cette pédagogie semble directement à l’origine du développement des livres-jeu de ma jeunesse et dont les volumes historiques ornent maintenant ma bibliothèque de classe.

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Elle m’a aussi permis de découvrir un serious game sur le thème de La vie au temps des châteaux forts. Il s’agit d’une application 3D interactive qui immerge, en temps réel, l’utilisateur dans un environnement réaliste du XIIe siècle. Elle est associée à un site pédagogique associant des vidéos et des quizz et elle est téléchargeable pour les environnements Mac et Windows.

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Et puis elle vous permettra de découvrir (ou redécouvrir !) un intérieur des années 60 et un autre des années 90…

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Le musée est ouvert les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 13h30 à 18h15,
les samedis et dimanches de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h15.
Fermé les mardis ainsi que les 24, 25, 31 décembre, 1er janvier et 1er mai.
Ouvert tous les jours pour les groupes sur réservations

L’école, les jeux d’enfants et la propagande pendant la Première guerre mondiale

Il s’agit de montages d’extraits de la série télé La maison des bois, diffusée en 1971 et réalisée par Maurice Pialat. Ces sept épisodes racontent l’histoire de trois jeunes garçons dont les pères sont au front, accueillis en pension par un garde-chasse et sa femme. La guerre n’est évoquée que de loin, par des lettres venant du front, ou le passage par le village d’une colonne de soldats mais elle est très présente dans la vie des gamins à l’école ou dans leurs jeux.

Faire de l’école sur mesure ?

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Voici deux citations d’Edouard Claparède, extraites de son livres L’école sur mesure, publié en 1920. Encore un penseur de l’école que je ne connaissais pas. Les années de l’entre-deux guerres semblent avoir été fertiles en bonnes idées !

« L’école actuelle veut toujours hiérarchiser; ce qui importe avant tout, c’est de différencier. Cette idée fixe de hiérarchie provient de l’emploi des divers systèmes usités pour aiguillonner les écoliers: bonnes ou mauvaises notes, rangs, punitions, concours, prix… Mais il est entendu que, dans l’école de demain, tous ces expédients seront mis au rancart, ou n’auront en tout cas plus l’importance d’antan. L’intérêt, tel sera le grand levier qui dispensera des autres. »

«  Lorsqu’un tailleur fait un vêtement, il l’ajuste à la taille de son client et, si celui-ci est gros ou petit, il ne lui impose pas un costume trop étroit sous prétexte que c’est la largeur correspondant dans la règle à sa hauteur. Au contraire, l’école habille, chausse, coiffe tous les esprits de la même façon. Elle n’a que du tout-fait et ses rayons ne contiennent pas le moindre choix. Pourquoi n’a-t-on pas pour l’esprit les égards dont on entoure le corps, la tête, les pieds ? »

On trouve décidément toutes les questions qui agitent notre écoles du XXIe siècle dans ces pédagogues du début du XXe : disparition de la notation, travail en groupe, pédagogie différenciée et individualisée, intérêt et motivation des élèves et bien d’autres choses encore !

Avant le collège de Clères, un collège au Mont – Cauvaire !

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Le Collège de Normandie a ouvert ses portes en 1902. Il s’agissait d’un établissement privé qui accueillait des élèves catholiques et protestants à partir de 7 ans et jusqu’au baccalauréat. Il a été fondé à l’initiative d’industriels et de commerçants rouennais selon le modèle d’une société anonyme par action.

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Il était la réplique du Collège anglais de Harrow. Le premier directeur de l’établissement, Joseph Duhamel, était d’ailleurs un ancien professeur de littérature de Harrow, auteur d’un traité pédagogique intitulé « Comment élever nos fils ? », véritable programme d’éducation suivi à Mont-Cauvaire.

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L’enseignement y était tourné vers les langues vivantes, avec  l’obligation de faire un stage  de 3 mois minimum dans une école anglaise. Les élèves étaient « élevés à la campagne », au plein air. L’éducation y  reposait sur la vie en classe comme sur la vie sociale. Il n’y avait pas de dortoir, la centaine d’élèves étaient logés en chambre individuelle, dans des maisonnettes, répliques de celles de Harrow. Elles étaient dirigées par un professeur, qui s’appuyait  sur une gouvernante.

 

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La salle d’arme en 1931

Au Collège de Normandie, suivant le modèle des Collèges anglais, l’exercice physique et les jeux étaient également obligatoires. Les élèves jouaient au football, à la paume, à la crosse, et faisaient de la gymnastique et de l’escrime. Le Collège était même doté d’une piscine de 2400 m3 ! (voilà que fera rêver les professeurs d’EPS du collège Delacour…) mais également de 5 terrains de football, d‘un stade, de 7  courts de tennis, d’un terrain de basket et d’une salle d’armes. Des travaux manuels, telle la menuiserie faisaient également partie de l’enseignement.

Voici les professeurs et les étudiants du collège pour l’année 1926 – 1927 :

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Le collège a fonctionné jusqu’en 1940, moment où il fut occupé par l’armée allemande et partiellement détruit en 1945. En 1950, le site est à nouveau dédié à l’enseignement avec l’installation de l’école des Roches qui y resta jusqu’en 1972.
Les locaux sont aujourd’hui le siège d’un Institut Médico – Educatif.

 

(Ré)ouverture du premier lycée de l’histoire

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Le lycée d’Aristote en cours de fouille
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Le plan reconstitué par les archéologues

C’est en 1996 que les archéologues ont mis au jour les vestiges du lycée d’Aristote, en plein centre d’Athènes, au cours de travaux de déblaiement d’un terrain destiné à ériger un musée d’art moderne. Outre les restes de deux temples, les vestiges comprennent les ruines d’une palestre.
C’est en effet près du temple consacré à Apollon lycéen (dont vient le terme lycée), qu’Aristote (384-322 av. J.-C.) avait fondé son académie vers 335 av. JC, après son retour de Macédoine suite au départ de son élève Alexandre le Grand pour ses guerres de conquête.
Le philosophe y enseignait la rhétorique, les mathématiques et la philosophie. Il dispensait son enseignement à ses disciples en marchant, ce qui explique que son école est dite péripatétique, ou péripatéticienne, du grec ancien peripatetikós,  « qui aime se promener en discutant ». Au temps d’Aristote, les élèves s’entraînaient aussi à la lutte sur le palestre et étudiaient sur des parchemins dans des pièces situées autour de la cour centrale.
Le lycée constituait l’une des trois grandes écoles philosophiques de l’antiquité grecque avec l’académie de Platon et l’école du Cynosarge, créée par les cyniques après la mort de Socrate.

Le tout premier « lycée » de l’histoire a réouvert le mercredi 5 juin. Ce nouveau parc archéologique s’étend sur environ un hectare de verdure où les visiteurs peuvent à nouveau se promener en discutant. Le site est ouvert au public de 8 heures à 20 heures.

Une semaine d’école en…

Je vais récupérer bientôt quatre livres de classe d’un instituteur de Cormeilles – en – Parisis, une commune située dans le Val – d’Oise. Ils couvrent presque toutes les années de la Seconde guerre mondiale, de l’année scolaire 1938-39 à l’année 1944-45 (manque l’année 41-42).

La ville de Cormeilles comptait 8460 habitants en 1936 et son activité reposait en partie sur la fabrication de plâtre,briques, de la chaux, du ciment à partir du gypse de la carrière Lambert qui fut l’une des plus grandes carrières à ciel ouvert d’Europe, avec un front de taille de 100 m de hauteur et 1 kilomètre de longueur. Au cours des années 1930 une importante main d’œuvre étrangère vint y travailler : Polonais,Serbes,Tchèques,Portugais, Maghrébins et même Chinois.

Durant la Seconde guerre mondiale, le fort de Cormeilles, construit entre 1874 et 1877, fut utilisé par l’armée allemande pour y stocker et y entretenir des torpilles pour la marine.

Voici donc une semaine d’école en …

1938

– 1938

1942

– 1942

1943

– 1943

1944

– 1944

Ces documents me semblent intéressants pour illustrer l’école de la IIIe République, mais aussi pour comparer concrètement la différence entre le dernier programme scolaire « républicain » de 1938 et le programme de l’Etat français du 16 août 1941. Peut-être y trouverais-je aussi quelques mentions sur l’occupation allemande.

L’école de Barbiana

L’École de Barbiana était une école expérimentale qui fut fondée et animée, de 1954 à 1967, par le prêtre Lorenzo Milani à Barbiana, un hameau de la commune montagnarde de Vicchio, à 45 km de Florence, en Italie.

Cette expérience éducative novatrice provoqua un débat sur l’innovation en matière de pédagogie dans les années 1960, notamment après la publication de Lettre à une maîtresse d’école, ouvrage très polémique sur l’école obligatoire de l’époque, rédigée collectivement par huit anciens élèves de Barbiana sous la direction du prêtre. Cette expérience est à rapprochée de celle de Célestin Freinet, mais en plus radicale (les élèves travaillaient 12 heures par jours, 7 jours / 7, 363 jours par an).

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Voici un extrait, en effet polémique, de ce texte :

lettre à une maitresse d’école

Et ci-dessous, le descriptif d’un documentaire de 1994 consacré à cette expérience :

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Cette expérience est à rapprochée de celle de Célestin Freinet, mais en plus radicale.

Un film a été réalisé sur cette expérience. Je ne l’ai malheureusement trouvé qu’en italien.