Catégorie : Japon

Les routes

Ayant découvert le Tokaido lors de la diffusion d’un documentaire sur France 5, j’avais eu la chance de visiter une exposition consacrée à ces estampes lors d’un séjour de vacances à Vannes. Depuis, le sujet n’a cessé de m’intéresser, sans doute en rapport avec mes recherches pour le mémoire de maitrise et le DEA que j’ai consacré au réseau routier normand entre l’Antiquité et le XVIIIe siècle.

J’ai depuis acquis le catalogue de cette exposition, le petit livre de Jocelyn Bouquillard de chez Art stock. Et hier, en passant dans ma librairie, j’ai découvert le beau livre de chez Hazan, reproduisant l’ensemble des estampes de Hiroshige dans leurs différentes versions. Le prix inattendu d’un tel ouvrage m’a fait craqué ! Et le voici maintenant dans notre bibliothèque…

Neige

C’est de saison : Neige, de Keiko Maeo, aux éditions Autrement Jeunesse.

Une couverture recouverte de tissu, des couleurs paisibles, un dessin clair et touchant, et de la neige. Une petite fille qui voit la neige tomber et recouvrir sa ville, qui en profite simplement.

« Odeur de froid

très froid

Même les yeux fermés

Étendue blanche

Neige »

Comment dire à quel point ce petit livre me bouleverse?

Est-ce parce que c’est l’homme que j’aime qui l’a choisi pour moi? Parce qu’il l’a si bien choisi, parce que cette petite fille me ressemble? Parce qu’à l’intérieur de la couverture, ces mots d’amour sont pour moi? Parce que je l’ai ouvert devant un thé bien chaud un après-midi d’hiver, et lu pour la première fois dans des bavardages gais d’enfants?

Pas seulement. Il m’a émue profondément et joliment.

Mais je ne trouve pas les mots.

Peut-être est-ce mieux: ainsi, ils n’appartiennent qu’à moi, ces mots silencieux, et à ceux qui me connaissant assez pour comprendre.

Cristallisation secrète

C’est une critique dans un magazine qui m’a amenée à Cristallisation secrète ; la couverture m’a plu, le livre est édité chez Actes Sud et j’aime, la plupart du temps, la littérature japonaise ; ce livre m’appelait. Je l’ai reçu en cadeau et lu rapidement : je me suis trouvée happée par cette étrange histoire.

Sur l’île dans laquelle vit la narratrice, des choses disparaissent. Des choses variées, pas toujours matérielles. Mais elles disparaissent, y compris de la mémoire des habitants. Ou du moins de presque tous. Très vite j’ai accepté le surnaturel de l’histoire pour me l’approprier naturellement, comme il nous est présenté. On ne s’interroge pas ici sur le pourquoi de ces disparitions, mais sur le « comment les gérer ».

L’écriture de Yoko Ogawa est claire et féminine. Elle en appelle souvent aux sens du lecteur, les mélange et les redécouvre d’une façon qui m’a beaucoup plu. Elle s’interroge sur notre rapport au corps, aux liens entre le physiologique et l’âme, en particulier au travers de la voix et de la mémoire. Elle explore aussi le thème de la résistance, mais de façon très réaliste et humaine: la narratrice n’est pas une femme exceptionnelle et elle agit simplement comme elle pense devoir le faire, mais sans principes idéalistes ni grandes théories: elle vit. Et c’est son histoire, entièrement vue par ses yeux et sa sensibilité, qui nous est relatée. De ce fait, pas d’explications lourdes, pas de traduction de ses émotions; parfois elles me sont restées étrangères, parfois m’ont touchée intimement: c’est juste l’histoire de cette femme dans un contexte particulier.

J’avais relevé, au fil de ma lecture, de nombreuses phrases que je trouve magnifiques. Mais aujourd’hui que j’écris ce billet, je n’en peux citer aucune ici: elles sont trop liées au contexte, et je me les suis appropriées de façon si profonde que les retranscrire ne traduirait pas ce qu’elle signifient vraiment pour moi.

Voilà un livre que je suis heureuse d’avoir lu.

Du dépaysement



J’ai commencé la lecture de Fantômes et kimonos, offert par des amis lors du réveillon du jour de l’an. Il s’agit de courtes nouvelles se déroulant au Japon, au XIXe siècle, qui racontent les enquêtes d’un « détective » au service des autorités.

J’aime la civilisation japonaise dans sa complexité et sa pureté et le dépaysement que procure cette lecture. Le style est simple et concis. Il s’agit là d’une lecture distrayante et assez reposante.

Sur la route du Tokaïdo… à Vannes !

Il y a des coïncidences amusantes. Je parlais plus tôt d’un reportage sur la route du Tokaïdo et de mon envie de me procurer un livre sur le sujet… C’est chose faite ! Durant mes vacances, j’ai eu l’occasion de visiter le musée de la Cohue de Vannes qui accueille justement une exposition sur les estampes japonaises jusqu’au 30 septembre.

L’exposition comprend environ quatre-vingts estampes des XVIIIe et XIXe siècles, signées de maîtres tels que Utamaro et Hiroshige, et recouvrant les grands thèmes classiques de la culture japonaise : le théâtre Kabuki, la femme à sa toilette ou dans ses activités quotidiennes, des scènes d’histoire, également des fleurs et des oiseaux.

Mais le plus intéressant était pour moi était la série de 37 estampes de la route du Tokaïdo peintes par Hokusaï et surtout Hiroshige

Des objets, liés à la fabrication des estampes, complètent cette présentation, ainsi que des miroirs, objets de la vie quotidienne et des sabres et armures.

Les collections présentées proviennent du musée-école de la Perrine, de Laval, du musée Pincé d’Angers, de collections privées, et du fonds permanent du musée de Vannes.

La librairie du musée proposait un catalogue d’exposition datant de 1999 sur les représentations des 53 stations de la route par Hiroshige. Il orne maintenant ma bibliothèque.

La route du Tokaïdo

Hier, j’ai vu un documentaire passionnant sur le Japon (sur France 5). On parcourait d’abord les « restes » de la mythique route du Tokaïdo, qui permettait de relier Tokyo (la capitale shogunale) à Kyoto (la capitale impériale) et que tout nouveau Shogun se devait d’emprunter pour recevoir l’investiture de l’empereur.

La route du Tôkaidô partait de Nihonbashi, un pont au centre d’Edo, et se terminait 125 ri plus loin (soit environ 500 kilomètres) à Sanjohashi, le pont de la Troisième Rue à Kyôtô. Elle comptait 53 relais. Peu à peu, toute une cohorte de voyageurs, de moines et de marchands profita de la sécurité de cette voie. Des « guides », illustrés par de nombreux peintres d’estampes tels Utamaro, furent bientôt édités, précisant la qualité des haltes ainsi que les lieux « à voir » tout au long du chemin. Le fonctionnaire Hiroshige se rendit célèbre en faisant éditer les estampes des cinquante-trois relais du Tôkaidô en 1835.

Ensuite nous suivions un groupe de pèlerins dans sa visite des 88 temples bouddhistes de l’île de Shikoku.

J’ai bien envie de prolonger la découverte de cette route par la lecture d’un ou deux livres :

La route de l’Empereur (photo : Thierry Girard, dessins : Hiroshige) publié aux éditions Marval : 288x230mm à l’italienne, 128 pages, 75 reproductions – ISBN 2-86234-274-2.

À pied sur le Tôkaidô. Le récit de voyage picaresque de Jippensha Ikku publié en 1802 et très vite devenu populaire. Picquier poche, ISBN-10 : 2877303616