Catégorie : Michelle Perrot

Un livre à paraître : La place des femmes

Alors que je suis plongé dans Le chemin des femmes, en collection Bouquins chez Robert Laffont, les éditions Textuel ont gentiment accepté de m’envoyer les épreuves pdf de La place des femmes : une difficile conquête de l’espace public. Richement illustrée, cette actualisation (plus que réédition) de l’essai de Michelle Perrot paru en 1997 évoque la partition inégale des rôles dans l’espace public de la fin du XVIIIe à la première moitié du XXe siècle. En répondant aux questions de l’historien Jean Lebrun, l’auteur permet de mieux comprendre les résistances réelles ou symboliques auxquelles se heurtent les femmes encore aujourd’hui. Cet essai paraîtra début mars 2020.

«Faire de l’histoire, c’est peut-être remplacer l’espace perdu par le temps…»

J’ai trouvé cette jolie phrase dans L’air du temps, texte que Michelle Perrot écrivit pour les Essais d’égo-histoire réunis par Pierre Nora en 1987. L’auteur se demande ainsi si son goût pour l’histoire ne vient pas en partie de la disparition progressive des lieux de son enfances. Un peu plus loin, elle raconte sa première rencontre avec ce qui ressemble à la science historique, à propos de l’étude de la Bible, lors de ses cours dans une école privée : «Les cours d’ « histoire sainte », comme on disait, étaient désormais assurés par un professeur de l’Institut catholique, l’abbé D…, pédagogue autant qu’érudit. Il nous initia à l’exégèse, à la critique interne et externe des textes, voire à leur histoire matérielle. On venait de découvrir les manuscrits de la Mer morte, preuve de l’existence historique du Christ. je ne sais is la question inquiétait personnellement l’abbé D…, mais il mettait un soin obsédant à nous démontrer l’authenticité et la véracité des Evangiles, à les distinguer des apocryphes. il lui importait aussi d’inclure la chronologie biblique dans l’histoire du bassin méditerranéen et l’histoire générale ; de dater, par exemple, la création de l’homme au sein des ères géologiques, de dater le Déluge par rapport aux mythes ou aux récits des autres religions, de replacer le passage de la mer Rouge dans l’histoire des dynasties pharaoniques, la passion du Christ dans le contexte socioculturel de l’Empire romain, veillant aussi à distinguer  ce qui était symbole et réel. La Bible cessait d’être seulement sainte, pour devenir un grand livre d’histoire qu’il fallait saisir dans toutes ses dimensions, de la Genèse à l’Apocalypse. (…) La naissance du christianisme prenait corps dans le bassin de la Méditerranée où foisonnaient des cultures diverses, dont il était solidaire, et nous avec lui