C’est le sujet de cette émission de La marche de l’histoire.
Catégorie : Georges Duby
Dans mes recherches autour du film L’An Mil, j’ai découvert que Georges Duby avait participé à la création et la gestion de l’embryon de ce que sera la chaîne de télévision Arte, à sa création le 27 février 1986 sous le nom La Sept et jusqu’en 1993. L’acronyme de la SEPT signifiait « Société d’Édition de Programmes de Télévision », sigle prêt, le moment venu, à se transformer en « Société Européenne de Programmes de télévision ». En effet, à son lancement la « chaîne » n’avait pas de canal à sa disposition. Il s’agissait donc dans un premier temps de concevoir les programmes, de les coproduire et de se comporter comme une société d’édition. La Sept fut dotée au départ d’un budget de 300 millions de francs prélevé sur la TVA payée sur la redevance télé.
Les statuts de la sept se présentaient sous la forme d’une société à Conseil de surveillance et Directoire, comme cela se pratiquait dans le monde de l’édition et de la presse. La nouvelle société était bâtie comme une filiale commune de FR3, l’INA, Radio France et l’État, pour une participation de 25% chacun. Le Conseil de surveillance fut présidé par Georges Duby entre 1986 et 1993, date à laquelle il fut nommé président d’honneur de la chaîne jusqu’à sa mort en 1996.
Comme société d’édition, l’ambition de la sept fut surtout de développer de nouvelles formes de captation de spectacles, de créer des magazines culturels européens, de soutenir le cinéma indépendant et de développer le documentaire de création.
Voici comment Jean-Michel Meurice, un peintre et réalisateur, raconte la naissance de la chaîne et le rôle de Duby dans un article de la revue Télévision, éditée par le CNRS (et que vous retrouverez en intégralité ici) :
« Et, si je fixe bien mes souvenirs, la vraie source, la naissance c’est au cours d’un dîner, chez Georges Duby, à la fin de l’hiver de1985. C’est là que l’utopie d’une chaîne culturelle, est née. Duby tenait, ce soir-là, à me faire rencontrer Pierre Bourdieu, lequel venait lui-même d’entrer au Collège de France. Je connaissais Duby, rencontré la première fois chez Pierre Soulages, depuis une quinzaine d’années, et très vite cette nouvelle amitié s’était nourrie d’une même passion pour l’art. Ses amis les plus proches étaient d’ailleurs des peintres. Un autre sujet nous rapprochait : l’usage humaniste des médias modernes pour offrir à un plus large public l’art de penser. Lui-même avait suivi avec intérêt l’adaptation de son oeuvre scientifique pour un public élargi, et notamment celle de son Guillaume le Maréchal en BD. Le Temps des Cathédrales avait fait l’objet d’une grande série documentaire produite avec succès pour la télévision, et Serge July écrivait d’après Bouvines le scénario d’un film dans lequel Gérard Depardieu allait interpréter le personnage de Philippe Auguste. Il avait encouragé mes efforts pour créer des magazines culturels à Antenne 2 où j’avais été l’un des premiers lâchés de la course à l’audience et dont j’avais fini par démissionner. Depuis, j’animais un petit groupe d’auteurs parmi lesquels Jean-Marie Drot, Pierre Dumayet, Daniel Karlin, Charles Brabant, et Michel Anthonioz préoccupé par la dégradation du service public et qui cherchait comment en préserver la valeur essentielle. Duby le savait et nous en parlions souvent. Il savait aussi que Bourdieu terminait la rédaction d’un rapport pour l’éducation de l’avenir demandé au Collège de France par François Mitterrand, et qu’il y avait dédié tout un chapitre sur le bon usage de la télévision comme outil éducatif. Ils en avaient parlé. Nous en avons parlé. Nos analyses se rejoignaient et nous convînmes ce soir-là d’y travailler ensemble.«
Le 14 mars 1989, La Sept devint la « Société européenne de programmes de télévision » et changea de statut pour devenir diffuseur en plus de producteur de programmes. En avril, elle reçoit l’autorisation du CSA d’émettre sur un canal du satellite TDF 1, et commence la diffusion le 30 mai 1989. La chaîne passe des accords pour que son signal soit repris sur les réseaux câblés européens et sur les réseaux hertziens d’Europe de l’Est2. En France, Jérôme Clément, président de La Sept, obtint que ses programmes soient repris le samedi après-midi sur FR3 à partir du 3 février 1990.
Le 2 octobre 1990, un traité interétatique entre la France et L’Allemagne établit les fondements d’une chaîne culturelle européenne et le 30 avril 1991, la chaîne Arte, pour « Association relative à la télévision européenne », est créée, composée de deux pôles : la Sept en France et Arte Deutschland TV GmbH en Allemagne.
Depuis, la Sept a perdu son rôle de diffuseur et est redevenue une société d’édition de programmes de télévision intégrée dans Arte.
Je recherche depuis des années une copie du film L’An Mil de Jean-Dominique de La Rochefoucauld, et dont le scénario a été coécrit par Georges Duby. Et voici que quelqu’un en a mis une version sur YouTube. L’image n’est pas fameuse (c’est peu dire !), mais je vais enfin pouvoir revoir ce film en trois parties que j’avais vu en 1985 lors de sa diffusion sur TF1. Ce film est pour quelque chose pour ma passion pour la période médiévale et dans ma volonté de devenir historien.
Je me suis procuré les quatre premiers volumes de l’Histoire de France dirigée par Joël Cornette et parue chez Belin. Ce sont des synthèses bien écrites, richement illustrées et documentées. La dernière partie de chaque volume, appelée « l’atelier de l’historien », fait heureusement le point sur certaines questions disputées dans le petit monde des historiens. Ainsi, dans le volume consacré au temps de la guerre de Cent Ans, est-il abordé la question de la crise de la fin du Moyen – Âge, de la figure de Jeanne d’Arc et de l’alimentation.
Cette Histoire de France fait suite pour moi à celle de Michelet, de Lavisse et de Duby.
Voici les reconstitutions de diverses leçons inaugurales au Collège de France, proposées par France Culture, avec la voix de Clémence Azincourt .
La leçon inaugurale de la chaire d’histoire des sociétés médiévales au Collège de France, prononcée par Georges Duby le 4 décembre 1970.
Puis celle de Fernand Braudel, titulaire de la chaire de la civilisation moderne, le premier décembre 1950.
La leçon de Raymond Aron, pour la chaire de sociologie de la civilisation moderne, le premier décembre 1970 au collège de France.
Et celle de Jean-François Champollion, le 10 mai 1831, intitulée « Discours d’ouverture du cours d’archéologie ».
Ce livre, qui m’avait échappé jusqu’ici, dresse le portrait d’un historien en ses archives, celles qu’il a consultées, mais celles aussi qu’il a constituées en explorant le «fonds Duby» déposé pour l’essentiel à l’ Institut Mémoires de l’édition contemporaine.
Cette enquête collective, en réalité les actes d’un colloque organisé par la Fondation des Treilles, entreprend de saisir Georges Duby à travers les visages de papier que constituent ses archives de travail, qu’il conservait avec soin. Ce faisant, ils invitent le lecteur à entrer dans la fabrique de l’œuvre historique.
L’étude se compose de quatre parties, avec une introduction assez longue sur le fonds déposé par la femme de Duby. La première partie concerne les documents liés à la thèse de Duby sur le Mâconnais. La seconde partie aborde les liens de Duby avec les autres sciences sociales. La troisième partie étudie l’élaboration du livre Les Trois Ordres ou l’imaginaire du féodalisme. La dernière partie s’intéresse aux travaux de Duby sur les arts ou ses liens avec le cinéma et la télévision entre autres choses.
« (…) je suis devenu médiéviste en aimant non pas le Moyen Age, mais ceux qui en écrivaient l’histoire. Georges Duby, Jacques Le Goff, d’autres encore : j’aimais lire les livres de ces maîtres de liberté qui installaient leur art de pensée et permettaient de se faire tour à tour anthropologue, sociologue ou géographe de son sujet. Ma génération, à la suite de Michel Foucault, cherchait d’abord à faire l’histoire des problématisations – à se demander, pour chaque époque, « où est le problème ? » –, et à s’interroger sur ce que nous sommes en train de devenir : si notre présent est du passé accumulé, et si ce que l’on nomme Moyen Age est sa couche la plus ancienne mais toujours active, en écrire l’histoire est une autre manière de dire l’aujourd’hui.«
Voici comment Patrick Boucheron répond à la question posée par le magazine Télérama sur le choix de sa profession. Et je trouve cette réponse très belle et juste. Je vous recommande la lecture de cet entretien, très riche.
Ma collègue Mara Goyet,qui tient le blog Alchimie du collège, était l’invitée de La Marche de l’Histoire. Elle est interrogée sur les suites des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et les juifs de France dans le milieu scolaire. Pour expliquer les réactions violentes ou le refus de compatir de certains élèves, elle ne met pas en cause l’ignorance mais au contraire la surinformation qui selon elle les empêche de réfléchir. Elle me rappelle les propos de Duby dans l’émission Radioscopie présentés ici. Il y a sans doute de quoi réfléchir en effet !
Elle semble ne pas adhérer, tout comme moi, à la bienveillance que l’on met en avant dans l’Education nationale en ce moment. Elle réclame de la fermeté ( d’accord !) et du travail collectif (m’oui…).
Je ne suis par contre pas d’accord avec elle sur son idée de « pixellisation » de l’enseignement. Elle semble voir les compétences comme un moyen de détourner l’école des « vrais problèmes ». Je crois que l’on peut au contraire aider les élèves à faire le tri dans toutes les informations qui les submergent en leur donnant les compétences nécessaires afin qu’ils soient capables et désireux (c’est sans doute le plus difficile) de réfléchir par eux-même et de prendre l’information aux bonnes sources.
Le médiéviste Georges Duby a été l’invité de Jacques Chancel dans l’émission Radioscopie en 1978 et en 1981. Le fichier ci-dessous est un montage dans lequel il évoque le rôle de l’historien, celui de l’histoire et de son enseignement.

« L’année 1214, le 27 juillet tombait un dimanche. Le dimanche est le jour du Seigneur. On le lui doit tout entier. » Voici comment commence « Le dimanche de Bouvines », le livre de George Duby consacré à la bataille et à ses suites.
Cette bataille a opposé les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d’Aquitaine, de Normandie et roi d’Angleterre, et soutenue par l’empereur du Saint-Empire Otton IV.
L’enjeu de la bataille est capital : il s’agit pour le roi Philippe Auguste de réduire la puissance menaçante des Plantagenêts, à la tête d’une gigantesque fédération féodale couvrant tout l’ouest de la France, de la Gascogne et l’Aquitaine jusqu’à la Normandie.
Le déroulement de la bataille est connu par le long récit qu’en fait Guillaume le Breton, chapelain de Philippe Auguste et à laquelle il a assisté. Politisé dès le XIIIe siècle, ce récit s’est érigé en mythe de la nation et de la royauté réunies (grâce aux milices communales notamment).
Oubliée dès le XIVe siècle, la bataille revient en force chez les historiens du XIXe, incarnant la « première victoire nationale », contre l’Allemagne.
Pour sourire, la bataille reconstituée avec des playmobils…
Un autre article consacré à la bataille sur ce blog à lire ici.
Et ci-dessous, une émission « France Info y était » enregistrée par mes élèves de cinquième :
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