Catégorie : Arts et géographie

Une séance sur l’art en ULIS

Ce matin, j’ai fait travailler les élèves du dispositif sur les photomontages de l’artiste Uğur Gallenkuş (dont j’ai parlé ici). Nous avons d’abord débattu de ce qu’était une oeuvre d’art. Les élèves ont tout de suite pensé à la peinture et à la sculpture. A ma demande, ils ont défini une oeuvre d’art par quelque chose que l’on voit. J’ai alors parlé de la musique et ils ont été d’accord que l’on peut ne pas voir une oeuvre. Ils ont ensuite proposé qu’une oeuvre devait être bien faite ou belle, après avoir comparé la Joconde à l’un de mes dessins. Ils ont aussi proposé réaliste, mais y ont renoncé après la projection d’un portrait de Picasso. Comme il ne le doisait pas, j’ai fini par apporté l’idée de message : une oeuvre doit / peut dire quelque chose.
Une fois cela fait, nous avons regardé tous ensemble une oeuvre d ‘Uğur Gallenkuş :

Les élèves n’ont pas vu tout de suite l’assemblage des deux photographies. Ils ont par contre perçu la joie des personnes. Après identification des incohérences de l’image, ils ont décidé que sur la gauche, les hommes étaient heureux d’avoir gagné la guerre alors qu’à droite, les femmes étaient contentes d’être en vacances. 

Suite à ce travail collectif, chaque élève a reçu un photomontage différent et le questionnaire ci-dessous à compléter :

La suite de l’activité consistera d’abord en un oral pour que chaque élève présente l’oeuvre qu’il a étudié aux autres. Dans un troisième temps, j’aimerais faire faire un photomontage aux élèves, mais c’est sans doute trop ambitieux. 

Une belle carte du XVIIIe siècle

Elle date de 1752 et est visible ici sur Gallica. Il s’agit en fait d’un itinéraire de l’inspection de troupes effectuée par le marquis de Paulmy, nouveau secrétaire d’état à la guerre de Louis XV, dont il fit le récit dans le Voyage d’inspection de la frontière des Alpes en 1752, publié en 1902. L’intérêt est aussi qu’elle donne les distances parcourues et les modes de transport utilisés, montrant la difficulté des voyages à cette époque 

Michael Wolf (1954 – 2019)

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MICHAEL WOLF. SÉRIE PARIS ROOFTOPS – 04, 2014. Image : 122 x 172,7 cm

J’aime beaucoup le travail de ce photographe, décédé mardi 23 avril. Vous pourrez voir quelques unes de ses oeuvres ici et . Toute l’œuvre de Wolf est habitée par la vie dans les villes telle qu’il a pu l’observer dans des grandes métropoles comme Tokyo, Hong Kong (où il résidait) ou Chicago. L’artiste voulait montrer par ses photographies la complexité de la vie urbaine moderne.
En 2017, Les Rencontres d’Arles ont présenté une vue d’ensemble du travail de création de Michael Wolf. La pièce maîtresse de l’exposition était l’installation The Real Toy Story (2004), qui met en scène plus de 20 000 jouets en plastique « Made in China » trouvés dans des brocantes ou des magasins d’occasion aux États-Unis. Au milieu de cet étalage vertigineux de jouets produits en masse pour les enfants, Michael Wolf dévoile des portraits d’ouvriers chinois travaillant sur les chaînes d’assemblage et produisant des jouets destinés à satisfaire une demande mondiale en biens de consommation bon marché.

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Cette exposition a donné lieu à l’édition d’un catalogue et ouvrage rétrospectif de la carrière de Michael Wolf couvrant l’ensemble des séries de l’artiste.

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Découverte

Harald Oskar Sohlberg (1869-1935) était un peintre norvégien « néoromantique ». Il travailla la peinture à l’huile, l’aquarelle, le dessin, la lithographie ainsi que la gravure. J’aime beaucoup sa série des Winter Night in the Mountains, peinte entre 1901 et 1921.

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Autoportrait

 

Art, géographie et littérature

Le travail de Pauline Delwaulle pose la question de l’écriture de l’espace et de sa représentation. Le paysage et la cartographie servent de support à ses interrogations, que ce soit par le land art, les cartes numériques ou le film. Elle se confronte au lieu, au monde, puis vient le couvrir, le doubler, pour mieux le voir, le présenter.
Un même projet se déploie souvent en plusieurs médiums au gré des découvertes.
J’ai choisi de présenter ici deux de ces oeuvres car elles évoquent deux de mes auteurs favoris.

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De la rigueur de la géographie s’inspire d’un texte de Jorge Luis Borges, intitulé De la rigueur de la science. Il y est question d’une carte à l’échelle 1, une carte si précise qu’elle aurait la taille du monde, et donc le recouvrirait point par point.
L’installation de Pauline Delwaulle se trouvait dans un vallon où coule un ruisseau dans le parc de Kozara, en Bosnie. Les lignes altimétriques ont été dessinées à la poudre de craie, ainsi que les chiffres d’élévation. La représentation topographique de ce vallon recouvrait donc le vallon lui-même. En se déplaçant dans ce «territoire», l’appréhension par la carte se faisait en même temps que celle de l’espace.

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Dans La forme de la ville, rappelant le livre La forme d’une ville de Julien Gracq, elle a voulu dessiner la forme de la ville de Sarajevo en cherchant ce qui la dessine, la contient, la limite.
Elle a donc parcouru les routes extérieures de Sarajevo, le long des crêtes, avec un GPS piéton. Revenue au point de départ, la forme de la ville était dessinée par son déplacement sur le GPS, qu’elle a alors photographié.

Une visite au pays d’Athos

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Dans les années 1960, alors qu’il est enfant, c’est avec l’aide de son frère Wolf que Michael Golz entame la création d’« Athosland ». Aujourd’hui, l’oeuvre de ce cartographe – artiste regroupe des cartes, des dessins et un glossaire complet des expressions spécifiques à « Athosland ». Il a aussi publié une série de guides très détaillés dans lesquels il décrit les us et coutumes des créatures qui peuplent son univers qui ne cesse d’évoluer et de s’agrandir.
Comme beaucoup d’agglomérations, Athosland s’est en effet bien développée depuis les années 1960. Michael Golz a soigneusement dessiné, feuille par feuille, tous les détails topographiques à la même échelle. Ses premières cartes au format A4 datent de 1977, et la collection compte aujourd’hui 160 documents qui couvrent, une fois montés, une surface de 14 x 17 mètres. Cette immense carte est accompagnée de huit dossiers de plus de 2800 pages de dessins qui décrivent la vie à Athosland.

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Pour la visite de l’exposition consacrée à Athosland au musée d’art brut de Lausanne,  qui s’est terminée début octobre, une passerelle en bois permettait de surplomber les cartes et de s’aventurer au-dessus de la ville ; et pour observer à distance, des jumelles étaient suspendues à côté d’un panneau d’information.

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Athosland représente aujourd’hui une vaste région qui s’est développée à partir d’un petit centre en englobant les régions environnantes dans un mouvement progressif d’expansion urbaine. Les cartes sont accompagnées d’une série de dessins colorés aux feutres, crayons et surligneur rose fluorescent. Dessinés en perspective, ils montrent la vie quotidienne dans le monde d’Athosland : un mélange de paysages prosaïques semi-industriels de l’Allemagne de la fin du XXe siècle, un idéalisme rural traditionnel et une bonne dose de fantaisie.

Pour en savoir plus, visitez ce lien  (qui a servi à rédiger cet article) ou  écoutez cette émission :