Faire (vraiment) de l’histoire avec un jeu vidéo ?

Le « Discovery Tour », un mode éducatif pour le jeu Assassin’s Creed Origins, est sorti mardi 20 février, quatre mois après le jeu. C’est la première franchise d’Ubisoft à être déclinée en version pédagogique. Elle propose 75 promenades thématiques, qui durent de deux à vingt minutes, référencées dans un grand menu. Elles sont gratuites pour les possesseurs du jeu, mais le « Discovery Tour » peut aussi être acquis séparément, uniquement sur PC toutefois, moyennant 20 euros. Je précise donc que je n’ai pu le tester moi-même.
Les thématiques explorées sont la géographie (découverte du Nil en bateau),l’histoire, la vie quotidienne, la religion, la construction (les pyramides évidemment), l’urbanisme, dans l’Égypte antique. Si certains passages sont ennuyeux, notamment dans l’introduction (ce qui est dommage, car cela risque de rebuter certains) la plupart des promenades pédagogiques proposées sont intéressantes.
Chaque leçon prend la forme d’une déambulation étroitement balisée. Au sol, un chemin très précis est tracé en jaune, marqué de points symbolisés par un halo lumineux. À chaque point, une petite minute d’explications attend le joueur, enrichie par un complément visuel : photographies de statuettes, bas-reliefs, cartes, documents historiques.
Le niveau requis pour comprendre les leçons varie beaucoup. Le module sur Champollion, par exemple, est uniquement accessible aux personnes avec des connaissances en linguistique. Les leçons les plus simples, en revanche, sont accessibles aux adolescents.
Le « Discovery Tour » néglige aussi les possibilités pédagogiques offertes par l’interactivité. La déambulation donne accès à une compréhension inédite : le plan d’une pyramide, par exemple, est beaucoup plus clair lorsqu’on a l’occasion de l’arpenter soi-même, de s’y accroupir, et de l’escalader, que lorsqu’on est assis devant une télévision. Mais malheureusement, le joueur ne doit jamais répondre à une question. À aucun moment une activité ne lui est proposée. Pédagogiquement parlant, le « Discovery Tour » est plus proche d’un documentaire que d’un jeu vidéo.
Le canevas un peu répétitif du parcours est égayé par quelques tranches de vie, reconstituées en trois dimensions : récolte du vin, procession religieuse, levage de pierre. S’il le souhaite, le visiteur peut toutefois sortir du cycle des leçons pour explorer l’immense univers 3D du jeu, mais seul et sans explications.
Autre point gênant, certains bâtiments ne devraient pas figurer dans certaines villes même si Ubisoft l’explique dans plusieurs leçons. Dans un autre genre, les parties intimes des statues ont été recouvertes de pudiques coquillages !
En conclusion, ce logiciel n’est pas sans défaut, mais il a le mérite d’exister et si les jeux Assassin’s Creed ne permettent pas aux adolescents d’apprendre en histoire, ce module pédagogique le permet, un peu. L’attention est donc louable et à reproduire, par exemple pour les anciens épisodes, en tenant compte des critiques.

D’après un article du Monde.fr

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