Portraits de femmes : Charlotte (1816 – 1855), Emily (1818 – 1848) et Anne (1820 – 1849) Brontë

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Portrait des trois soeurs par leur frère Branwell

Ayant manqué de temps et de courage ces deux derniers jours pour vous proposer des portraits de femmes « historiques », je me rattrape en trichant un peu avec le portrait de trois soeurs !

Issues d’une famille de six enfants (Maria, Elizabeth, Charlotte, Branwell, Emily et Anne), les trois soeurs perdirent leur mère en 1921.
En 1824, les quatre filles aînées, dont Charlotte et Emily, entrèrent comme pupille dans une école à la bonne réputation. Mais les conditions de vie difficiles du fait du manque d’hygiène, de chauffage et d’une alimentation équilibrée entrainèrent le décès des deux sœurs aînées, Maria et Elizabeth, tombées gravement malades en 1825.

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Carte de Glass Tow et Angria par Branwell Brontë

Charlotte devient l’aînée des enfants qui furent élevés par une tante. Entre les soeurs, un lien très fort se créa et se traduisit entre autre par la littérature. Lisant beaucoup, elles imaginèrent tout un univers, la confédération de Glass Town, dont ils créent la géographie, l’organisation, l’histoire, à travers des journaux, pièces de théâtre, récits et poèmes composant trois jeux auxquels elles s’adonnaient. voici ce que Charlotte en écrivait en 1829 :
 « Nos jeux sont en place : Les Jeunes Hommes, juin 1826, Nos gaillards, juillet 1827, Gens des Îles, décembre 1827. Ce sont nos trois grands jeux qui ne sont pas secrets. Le 1er décembre 1827, Emily et moi, nous avons mis en place nos jeux de lit, les autres, en mars 1828. Jeux de lits veut dire jeux secrets. [ … ] Tous nos jeux sont très étranges. Je n’ai pas besoin de coucher sur le papier leur nature, car je pense que je m’en souviendrai toujours. Le jeu des Jeunes hommes est né à partir des soldats de bois de Branwell, Nos gaillards, à partir des Fables d’Ésope, Gens des Îles à partir de certains événements qui sont arrivés ».
Au fil du temps, les trois jeux initiaux se mêlèrent et donnèrent naissance au « grand jeu » qui racontait, dans un texte à quatre voix, alternant poèmes et proses, la naissance du royaume imaginaire de Glass Town (aussi appelé « Confédération de Verdopolis »), les intrigues qui s’y déroulaient, les guerres et les amours royales. L’univers de Glass Town s’articulait initialement autour des quatre héros du jeu des « Jeunes Hommes » de l’été 1826, symbolisant chacun un des enfants. Ce premier des trois jeux a eu pour origine un cadeau fait par le révérend à son fils Branwell après un voyage à Leeds en juin 1826. Suivant l’initiative de Charlotte, chacun des enfants prit un soldat et lui donna un nom de héros : pour Branwell, ce fut Napoléon en opposition au Wellington de Charlotte, tandis que pour les deux plus jeunes soeurs Emily et Anne, ce furent des noms d’explorateurs : Edward Parry et William Ross. Un jeu de rôle particulièrement complexe se mit alors en place entre les quatre frère et soeurs. Le monde qu’inventèrent les enfants Brontë était parfaitement structuré. Rien n’y était laissé au hasard : Glass Town avait son histoire, sa constitution, sa justice, son administration, son code civil et pénal et ses partis politiques. Une fois ce cadre mis en place et les lois édictées, les enfants y imaginèrent des aventures, racontant la vie et les fêtes à la cour, les assemblées, les luttes de pouvoir, les révolutions, les guerres, allant même jusqu’à créer un service de presse publiant régulièrement des éditions spéciales sur le modèle de The Blackwood’s Magazine, une revue que recevait leur  pèreThe Young Men’s Magazine a connu deux  séries de six magazines écrits entre août 1829 et septembre 1830. 

En janvier 1831, le départ de Charlotte en pension entraîna la chute de Glass Town mais des cendres de ce premier royaume naquirent deux nouveaux royaumes imaginaires, Gondal, nouveau monde « dirigé » par Emily et Anne, et Angria, né de l’imagination de Branwell et Charlotte, qui furent le théâtre de nouvelles aventures, intrigues et chroniques.

En 1842, Charlotte et Emily partirent à Bruxelles pour parfaire leurs connaissances linguistiques mais elles durent rentrer à la mort de leur tante, en 1845.
Cette année là, Charlotte découvrit les textes de sa sœur Emily. Les trouvant très bons, elle proposa à ses sœurs Emily et Anne de publier un recueil collectif de textes, qui parut l’année suivante sous le titre Poems by Currer, Ellis and Acton Bell. Anne et Emily publièrent ensuite Agnes Grey et Les Hauts de Hurlevent. Charlotte publia quant à elle Jane Eyre sous le pseudonyme de Currer Bell en 1847. Son texte scandalisa beaucoup mais devint malgré tout un immense succès, et Charlotte se lança dans la rédaction d’un troisième roman, Shirley.
En septembre 1848, leur frère Branwell, alcoolique et opiomane, mourut de la tuberculose. Emily décéda elle aussi de cette maladie en décembre de la même année, suivit d’Anne, en mai 1849.
Suite à ces malheurs, Charlotte sombra dans la dépression tout en continuant à travailler à son roman. Elle écrivit ensuite son dernier roman Villette, que certains considèrent comme son chef-d’œuvre.
En 1853, un vicaire demanda Charlotte en mariage. Malgré l’opposition de son père, elle l’épousa en 1854 mais atteinte d’une maladie, Charlotte Brontë mourut quelques mois plus tard.

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