Deux poèmes sur Staline

Ode à Staline (1950)

Staline dans le coeur des hommes
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.

Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite

Staline dans le cœur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir pour la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leur espoir sans bornes.

Ce poème a été rédigé par Paul Eluard, un poète français communiste. Il illustre bien le culte de la personnalité dont j’ai parlé en cours de troisième. Il montre aussi l’aveuglement du parti communiste français durant l’après – guerre à propos de la réalité du régime soviétique.

Le Montagnard du Kremlin (novembre 1933)

“Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds/ A dix pas personne ne discerne nos paroles.
On entend seulement le montagnard du Kremlin,/ Le bourreau et l’assassin de moujiks.
Ses doigts sont gras comme des vers,/ Des mots de plomb tombent de ses lèvres.
Sa moustache de cafard nargue,/ Et la peau de ses bottes luit.
Autour, une cohue de chefs aux cous de poulet,/ Les sous-hommes zélés dont il joue.
Ils hennissent, miaulent, gémissent,/ Lui seul tempête et désigne.
Comme des fers à cheval, il forge ses décrets,/ Qu’il jette à la tête, à l’oeil, à l’aine.
Chaque mise à mort est une fête,/ Et vaste est l’appétit de l’Ossète.”

L’auteur de ce poême contre Staline, Ossip Mandelstam, est arrêté une première fois en 1934 pour avoir écrit ce poème. Il est exilé jusqu’en 1937 puis condamné lors des Grandes Purges de 1938. Il est condamné à 5 ans de travaux forcés et il meurt de faim et de froid dans un camp de transit près de Vladivostok aux porte du goulag de la Kolyma, sa destination finale.

Les deux poème proviennent de cette page.