Catégorie : In memoriam

Boris Romanchenko (1926 – 2022)

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Boris Romanchenko avait été déporté en Allemagne en 1942, à l’âge de 16 ans, comme travailleur forcé. C’est après une tentative d’évasion qu’il avait été envoyé au camp de Buchenwald, en 1943. Il avait ensuite été interné à Peenemünde, Mittelbau-Dora et Bergen-Belsen. Avant de rentrer en Ukraine, après la guerre, il avait dû servir plusieurs années dans l’armée soviétique stationnée en Allemagne de l’Est. Ce survivant de la Shoah qui a lutté toute sa vie pour éviter que ne tombent dans l’oubli les crimes nazis est mort le 18 mars dernier dans un bombardement de l’armée russe à Kharkhiv, en Ukraine. Une frappe a touché l’immeuble de plusieurs étages dans lequel il vivait et son appartement, situé au huitième étage a brûlé, alors que malade, il ne pouvait pas le quitter.

Boris Romanchenko photographié dans sa tenue de déporté devant la grille du camp de Buchenwald.

Philippe Contamine (1932 – 2022)

L’historien Philippe Contamine est mort le 26 janvier dernier. Il était connu pour être un spécialiste de Jeanne d’Arc et de l’histoire de la France au XVe siècle. Né en 1932 à Metz, il a grandi dans une famille marquée par les guerres contre l’Allemagne. Son père, Henry Contamine (1897-1974), engagé à 17 ans dans la Première Guerre mondiale, fut un spécialiste d’histoire militaire reconnu.
Philippe Contamine quitta Metz lorsque celui-ci fut nommé professeur d’histoire à la faculté de lettres de Caen. Après des études au lycée Hoche à Versailles et au lycée Louis-le-Grand à Paris (en hypokhâgne et khâgne), il passa l’agrégation d’histoire en 1956. Il s’intéressa alors à l’histoire médiévale en optant pour le même objet historique que celui étudié par son père : sa thèse intitulée Guerre, Etat et société à la fin du Moyen Age. Etudes sur les armées des rois de France (1337-1494), soutenue en 1969, fut publiée en 1972. Dans les années 1960, Philippe Contamine publia d’autres ouvrages sur la société guerrière du XVe siècle : Azincourt (Julliard, 1964) et La guerre de Cent Ans (PUF, 1968).
Assistant à la Sorbonne, puis maître de conférences, il devint professeur d’histoire médiévale à l’université Nancy-II, à partir de 1970. En tenant de l’école des Annales, il s’intéressa à la vie des gens en publiant La Vie quotidienne pendant la guerre de Cent Ans : France et Angleterre, XIVe siècle (Hachette, 1976).
Devenu directeur du Centre Jeanne-d’Arc d’Orléans de 1985 à 1989, il lui consacra plusieurs ouvrages, dont De Jeanne d’Arc aux guerres d’Italie. Figures, images et problèmes du XVe siècle (Paradigme, 1994) et surtout le Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire (Robert Laffont, 2012), qu’il codirigea avec Olivier Bouzy et Xavier Hélary.
Nommé professeur à la Sorbonne en 1989, il se pencha alors sur Charles VII, roi de France éclipsé par la figure de Jeanne d’Arc. L’historien entreprit de le réhabiliter dans la biographie Charles VII. Une vie, une politique, publiée chez Perrin, en 2017.

D’après un article du Monde.fr

Il y a un an

Les collègues de Samuel Paty ont dit une chose essentielle, à nous, à vous, à tous. Celle-ci : «Les élèves nous ont aidés à nous reconstruire.» Quelle plus belle phrase peut-on renvoyer à la face du terroriste islamiste, qui, en assassinant Samuel Paty, a cherché à rompre ce fil ? Ce fil qui relie le maître et l’élève. Ce fil qui les noue l’un à l’autre, qui permet à l’enseignant de tirer l’enfant ou l’adolescent vers le haut, qui permet aussi à l’enfant ou à l’adolescent de nourrir l’enseignant, pour que, le lendemain, ce dernier ait envie de le porter encore plus haut. Ce fil, fait, au bout du compte, toute la différence. Il faut continuer à tirer et tirer dessus. C’est la plus belle arme qui soit contre l’obscurantisme islamiste du terroriste de Conflans et de ses inspirateurs. La seule manière de leur promettre de sales journées.

D’après un article du journal Libération.