Un immeuble parisien au XIXe siècle

une-maison-en-1834-7

une-maison-en-1834

Le 14 avril 1834 lors de la répression d’une émeute populaire déclenchée par la loi contre le droit d’association,  les occupants du 12 de larue Transnonain (actuelle rue Beaubourg), dont la maison était située à côté d’une barricade, furent massacrés sans distinction sous le prétexte d’un coup de feu qui avait été tiré d’un des étages en direction d’un soldat. (la maison est indiquée par une étoile rouge sur le plan)

Cet épisode nous intéresse ici pour ses suites : lors du procès qui a suivi, un certain nombre de pièces furent présentées dont le plan de l’immeuble avec la destination des espaces et leur « propriétaires » (en réalité des locataires), une vue de la façade et le rapport du légiste présentant les âges et qualités des victimes. De quoi reconstituer la vie dans un immeuble du XIXe siècle pour un historien.

une-maison-en-1834-2

Construite en 1796 à l’angle de la rue Transnonain et de la rue de Montmorency, cette maison occupait une parcelle où subsistaient les vestiges d’un couvent  Les deux propriétaires de l’immeuble n’habitent pas la maison. Mais il y a 34 locataires dont cinq enfants. Au début du règne de Louis – Philippe, la population du centre de Paris est en plein accroissement. Tous les espaces sont donc habités y compris les mansardes.

une-maison-en-1834-5une-maison-en-1834-4une-maison-en-1834-3

L’unité d’apparence de la construction réserve des surprises. La façade a, en fait, été ajoutée à peu de distance d’une ancienne chapelle, dont le grand mur surplombe le toit. Les deux fenêtres arrondies qui le percent éclairent un cinquième étage dissimulé en arrière ; l’immeuble traverse en fait cette église, divisée en étages d’habitation donnant sur la rue de Montmorency. Sur les plans, les murs de pierre de l’ancienne église ressortent par leur épaisseur.
Un théâtre fonctionne aux troisième et quatrième étages. On y accède par la rue Transnonain et l’escalier intérieur de l’immeuble. Le théâtre a été aménagé avec ses deux niveaux et ses loges dans les parties hautes de la nef. C’est le théâtre Doyen, du nom de son propriétaire et directeur qui l’a créé sous la Révolution. Doyen, mort en 1831 a cédé le théâtre au bijoutier Lamy qui habite l’immeuble en 1834.

Cet immeuble de rapport ne comporte pas des appartements identiques. Ici, les pièces où s’exercent les activités professionnelles sont imbriquées dans les logements. Les appartements les plus modestes comportent une ou plusieurs pièces dites « chambres » et des pièces plus petites dites « cabinets ».

une-maison-en-1834-6

Dans cette maison, une trentaine d’actifs  exercent, pour la plupart sur place, des métiers très divers et se répartissent dans les étages en fonction de leur fortune : au rez – de – chaussée, les boutiquiers ou artisans ; au premier et au deuxième étage, des artisans plus cossus ou des petites entreprises ; aux étages supérieurs, des employés, ouvriers, apprentis et journaliers (bijoutier, chapelier, doreur sur papier, gainier, monteur sur bronze, peintre en bâtiment, tailleur de pierre, couturière, artiste peintre, peintre vitrier, polisseuse en pendules ou ravaudeuse )

 

Les 12 victimes étaient : M. Breffort père (fabricant de papiers peints), son fils Louis Breffort (artiste peintre) et sa nièce Annette Besson (fabricante de papiers peints, Henri Delarivière (clerc d’avoué), M. Guitard (employé), M. Daubigny (peintre ou vitrier), M. Lepère (doreur sur papier), M. Robiquet (monteur en bronze), M. Hû (marchand de meubles), M. Bouton (peintre en bâtiment) , M. Thierry (bijoutier) et M. Loisillon (chapelier) .

La maison a été photographiée par Atget à la fin du XIXe siècle. Il existe un dessin représentant une vue en coupe d’un immeuble au XIXe siècle illustrant le roman de Perec, La vie mode d’emploi qui peut également servir pour illustrer la vie urbaine, mais je ne me souviens plus d’où il provient.

Une réponse sur « Un immeuble parisien au XIXe siècle »

Laisser un commentaire