Une oeuvre médiévale protéiforme

Twitter m’a fait connaitre le Roman de Fauvel, un texte satirique du début de XIVe siècle, écrit par Gervais du Bus, un notaire de la chancellerie royale. Dans la lignée des fables animalières allégoriques, ce roman raconte l’histoire du cheval Fauvel (les six lettres constituent l’acronyme de six vices : Flatterie, Avarice, Vilenie, Variété, Envie, Lâcheté) et de son ascension scandaleuse au sommet du pouvoir. Après avoir vainement tenté d’obtenir la main de Dame Fortune, Fauvel épouse à Paris, dans le palais de la Sainte-Chapelle, Vaine Gloire, beaucoup plus jeune que lui. De cette union contre nature, que le peuple dénonce immédiatement en organisant un charivari à l’aide de batteries de cuisine, sont issus d’innombrables « Fauveaux ». Leurs vices viennent infester le royaume de France et plonger encore davantage celui-ci dans le chaos. Comme de nombreux textes médiévaux, l’histoire s’achève sur une lueur d’espoir moralisante : l’auteur prie la Vierge Marie pour qu’elle vienne sauver la France esclave de ses maux.
Peu après sa rédaction, ce texte fit l’objet d’une nouvelle version très augmentée, due à un autre notaire de la chancellerie royale, qui a été identifié comme étant probablement  Raoul Chaillou de Pesstain. Cette nouvelle version, exécuté vers 1317-1321, est une œuvre d’art totale unique en son genre, mêlant texte, musiques et images. Le grand format du manuscrit suggère qu’il s’agissait d’une œuvre faite pour être mise en scène, lue à voix haute, chantée et jouée.
Le manuscrit est passé entre les mains d’un avocat au parlement de Paris, Gérard de Montaigu, puis de Thomas de Saluces, l’auteur du Chevalier errant, qui l’emporta en Italie. Entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle, le fils de Thomas de Saluces l’offrit au duc de Savoie Amédée. Le manuscrit est resté dans la famille de Savoie tout au long du XVe siècle, jusqu’à ce qu’il revienne en France à la faveur du mariage de Louise de Savoie avec François Ier. Il a fait partie de la bibliothèque personnelle de François Ier avant d’intégrer la bibliothèque royale.

Texte rédigé grâce à cette page.

Laisser un commentaire