Pierre Avezard, plus communément appelé “Petit Pierre”, naquit en 1909 avec le syndrome de de Franceschetti-Zwahlen-Klein, occasionnant une dysostose mandibulofaciale. Il n’avait ni palais, ni pavillons d’oreilles, ce qui le rendit presque sourd et muet. Moqué par les autres enfants, il arrêta rapidement l’école et c’est sa grande sœur Thérèse qui lui apprit à lire et à écrire.
Il devint garçon-vacher dans une ferme de son Loiret natal où il inventa un système ingénieux pour distribuer des betteraves aux vaches, mais fut de nouveau victime des moqueries de ses collègues. Son patron, admiratif et reconnaissant de son travail, lui offrit le lopin de terre où naquit son manège à partir de 1937. Pour le construire, il récupérait ce dont on ne se servait plus à la ferme : des boîtes de conserves, des pneus, des fils de fer. Il utilisa aussi les débris d’un avion tombé pendant la guerre dans un champ en face de la ferme.
Son frère Léon, ingénieur en aéronautique, lui apprit la mécanique. Chaque année, ils faisaient tous les deux un voyage : la maquette du Concorde, la tour Eiffel, l’Atomium à Bruxelles, ou encore le chantier de l’aérotrain proche d’Orléans. À son retour, Petit Pierre construisait ces modèles en format miniature. La tour Eiffel en acacia, au centre du manège, mesure tout de même plus de 20 mètres de haut !
Petit Pierre ouvrit rapidement ce jardin onirique les dimanches, pour accueillir les visiteurs du coin. Mais, victime d’une crise d’hémiplégie, il eût de plus en plus de mal à entretenir le manège et dût partir en maison de repos jusqu’à sa mort en 1992. En 1980, le court-métrage d’Emmanuel Clot, césarisé, mit en lumière le manège. Son frère Léon décida finalement de le léguer à un couple de collectionneurs d’art brut, qui avait créé La Fabuloserie, dans l’Yonne, afin de le préserver. C’est là que le manège fut déplacé, après avoir été démonté puis remonté, pièce par pièce, en 1989.
De quoi lire sur Petit Pierre et son oeuvre :
Blog du prof d'histoire - géo qui est aussi coordo ULIS 