Selon le rapport annuel de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal), la région compte encore 28 % de pauvres (c’est-à-dire ayant des revenus inférieurs à quatre dollars par jour !), chiffre stable depuis 2012, après vingt années de forte baisse. Cela représente 133,7 millions d’habitants.
Derrière ce panorama général se cachent cependant des cas de figure très différents : les chiffres font ainsi apparaître une Amérique du Sud plus équilibrée, alors que peu de progrès ont été accomplis ces dernières années en Amérique centrale. Au Nicaragua ou au Honduras, par exemple, le taux de pauvreté reste proche de 60 %. Il faut ajouter à cela les personnes qualifiées de « vulnérable » dont les revenus sont estimés entre 4 et 10 $ par jour et qui regroupent 38 % de la population d’Amérique latine.
Cette baisse de la pauvreté dans la région s’explique par des années 1990-2000 particulièrement profitables à l’Amérique latine. De nombreux pays avaient alors bénéficié de la forte hausse des cours des matières premières (pétrole et minerais pour le Pérou, le Venezuela, la Bolivie, le Chili, productions agricoles pour l’Argentine et le Brésil), combinée à une très importante augmentation de la demande chinoise. De plus, l’arrivée au pouvoir de nombreux présidents de gauche (Hugo Chavez au Venezuela, Lula au Brésil) s’est traduite par la mise en place de politiques redistributives, en faveur des classes les plus défavorisées, qui ont permis une chute rapide de la pauvreté et une consolidation des classes moyennes (individus qui perçoivent entre 10 et 50 dollars de revenus par jour) regroupant 34,3 % des habitants du continent latino-américain, soit environ 181,2 millions de personnes.
Ce dynamisme économique a été mis à profit, dans la dernière décennie, pour réduire les disparités sociales, même si elles demeurent fortes par rapport à d’autres régions. Entre 2002 et 2013, le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, a ainsi chuté de 10 %.
Aujourd’hui, l’Amérique latine est cependant confrontée à la fois au ralentissement de la demande chinoise et à l’effondrement du cours des matières premières. Et les politiques mises en place par certains régimes, notamment au Venezuela et en Argentine, ont également trouvé leurs limites, se traduisant par d’importantes subventions déséquilibrant les budgets des Etats et par une forte inflation.
D’après un article de La Croix.fr