Ses vêtements en lambeaux, l’air ailleurs, Déogratias erre dans les rues de Butare, au Rwanda. Après les évènements de triste mémoire. Fou, il n’est plus qu’un chien terrorisé par la nuit et est tenaillé par un insatiable besoin de boire l’urwagwa, la bière de banane. Boire pour oublier… Mais pour son malheur il se rappelle… il se souvient de son amour pour Bénigne et surtout pour Appolinaire la métisse. Il se souvient aussi de leur mère, la digne prostituée Vedette. Et aussi des blancs, prêtres ou militaires, aimant cette terre mais lui faisant mal. Il se souvient inévitablement du massacre…
Peut-on raconter l’horreur, l’indicible, ces massacres qui sont un affront à notre condition même d’être humain ? Peut-on expliquer comment on devient aussi brutal, à en tuer son voisin, son ami, dans ces moments de folie collective qui enflamment l’histoire ? C’est cette gageure que Stassen relève à merveille dans ce livre.
[Déogratias, Stassen, Dupuis]